Des élus Europe Ecologie – Les Verts à Tripoli : « L’UE doit soutenir la transition démocratique en Libye »

28 septembre 2011
Jeudi 22 septembre 2011, des parlementaires écologistes prennent le chemin de la Libye. Comment entreprendre des réformes institutionnelles et constitutionnelles après la révolution qui a secoué le pays au printemps ? Comment aborder la question du respect des droits humains, de la protection des réfugiés et des migrants, ou encore, du désarmement ? Trois jours durant, les élus EELV en ont débattu avec les combattants, les membres du Conseil national de transition et les ONG présentes dans le pays.
Jeudi 22 septembre : en route pour Tripoli

« Arrivée à Djerba en Tunisie. Nous avons deux heures de route pour arriver en Libye », raconte l’eurodéputé Yannick Jadot sur son compte Twitter. « Après des kilomètres d’étals (essence, change, produits alimentaires), nous arrivons à la frontière et à « Choucha », un camps de réfugiés. Le poste est tenu par des rebelles : jeans, tee-shirts et casquettes « Free Libya » et kalachnikov. Une fois la frontière passée, plus de réseau portable. »

La première délégation de parlementaires européens à se rendre en Libye est en route pour Tripoli, la capitale prise par les anciens rebelles le 22 août 2011 – il y a tout juste un mois. Les Français Yannick Jadot, Hélène Flautre et François Alfonsi, eurodéputés Europe Ecologie – Les Verts, la Belge Isabelle Durant et l’Allemande Franziska Brantner, sont en compagnie de Aziz Albishari (député du parti vert belge Ecolo), Jean-Philippe Magnen (délégué à l’international pour EELV) et Mychelle Rieu (groupe des Verts /ALE), organisatrice de l’événement.

Ils passent leur premier après-midi à Yefren, dans le fief des combattants amazigh. Après avoir libéré leurs villages, ces hommes ont rejoint les combats à Tripoli où ils ont contribué à libérer la capitale. « Ils ont battu les milices de Kadhafi mais ont également été les premiers à investir la résidence du dictateur déchu, raconte sur le moment Yannick Jadot. Nous partageons leur incroyable enthousiasme… Ces combattants ont résisté pendant des mois, sans soutien extérieur, aux milices du pouvoir. Ils méritent le plus grand respect. Solidarité, droit d’ingérence, des sujets écolos, je crois ! » Le lendemain, les Amazighs repartent dans la ville de Sabah pour poursuivre les combats.

Arrivée à Tripoli. Sur la grande place, rebaptisée « place des martyrs », des drapeaux, des peintures murales témoignent d’une libération politique et artistique. « Il existe une sorte d’exaltation collective d’avoir mené au bout cette bataille commune, témoigne Hélène Flautre dans La Voix du Nord. Mais celle-ci va retomber. Il faut donc offrir des perspectives aux jeunes. La démilitarisation, via un programme de l’ONU post-conflit, est capitale. » « L’Union européenne doit impérativement apporter son concours au désarmement, et à la démobilisation des jeunes combattants, ajoute Yannick Jadot. Etudiants, chômeurs ou actifs, ils ont pris les armes et ont besoin de soutien pour se réinsérer dans la vie sociale. Ils doivent aussi trouver leur juste place dans la vie politique libyenne qui se construit. »

Vendredi 23 septembre : le rôle des femmes

Le lendemain, la situation des femmes et en particulier les exactions commises à leur encontre par les forces de Kadhafi sont longuement abordées avec des représentantes d’organisations de femmes émergentes. Les victimes de viol ont en effet besoin d’être accompagnées dans leurs démarches pour avorter et se reconstruire. « On est très loin de l’égalité hommes-femmes dans une société où subsistent la polygamie et la répudiation, constate Hélène Flautre. Nous avons rencontré beaucoup de filles qui veulent développer des projets. Elles demandent notre aide pour construire la Libye nouvelle. L’Union européenne doit répondre. »

La délégation part ensuite pour Misrata, la troisième ville de Libye située à deux cents kilomètres à l’est de Tripoli : les eurodéputés y constatent des dégâts considérables, qui permettent d’imaginer la violence du conflit. Ils sont accueillis par les membres du Conseil national de transition (CNT) local qui organise la vie quotidienne des habitants tant bien que mal.

Samedi 24 septembre : le Conseil national de transition

Après une visite dans le camp de Sidi Bilal qui regroupe des centaines de migrants sub-sahariens vivant sans protection et dans des conditions extrêmement précaires, la délégation écologiste est de retour à Tripoli où elle a rendez-vous avec des membres du bureau exécutif du Conseil national de transition (CNT) pour aborder la question de l’avenir de la Libye et le soutien que doit apporter l’Union européenne au processus démocratique.

« Pour le vice-ministre des Affaires étrangères, Salah Al Bishari, l’Union européenne pourrait apporter son aide dans le domaine de la gestion des frontières au Sud, ou encore, dans le développement de la société civile, des médias libres et pluralistes, rapporte Hélène Flautre. Toutefois, la Libye n’est pas obligée de se soumettre aux demandes de l’Union qui entend sous traiter auprès de ses voisins une gestion répressive des frontières et des migrations. Le temps où l’Union comptait sur les dictateurs pour empêcher la circulation des personnes est révolu : une autre gestion de la mobilité est possible ! », précise-t-elle.

Photos : © Coralie Guillot

Pour télécharger le rapport complet de la délégation écologiste en Libye, cliquez sur l’icône suivant :
Le groupe des eurodéputés Verts/ALE de retour de Tripoli (pdf 334.43Ko)

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