Des milliers contre les gaz de schiste
La Dépêche 18 avril 2011
8 000 personnes en Aveyron et 5 000 dans le Lot ont dit hier leur opposition aux gaz de schiste, en dépit du prochain examen d’une proposition de loi interdisant leur exploration et leur exploitation.
Des milliers de manifestants opposés à l’exploitation des gaz de schiste ont manifesté hier en Aveyron et dans le Lot. À Cahors, entre 3200 et 5000 manifestants ont battu le pavé, tandis qu’à Nant, sur les contreforts du Larzac, entre 4 000 personnes selon les gendarmes et 8 000 selon José Bové ont dit leur farouche opposition aux gaz de schiste.
Ces deux manifestations de grande ampleur dans le Grand Sud concluent un week-end qui a vu se dérouler, partout en France, des rassemblements analogues. Samedi, 4 000 personnes ont ainsi défilé à Donzère (Drôme), dont le maire est le ministre de l’Énergie, Éric Besson ; et de 1500 à 2000 personnes, dont Eva Joly et Corinne Lepage, ont manifesté à Meaux (Seine-et-Marne), fief de Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP. La mobilisation reste donc très vive en dépit de l’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, le 10 mai prochain, de l’examen de la proposition de loi de l’UMP Christian Jacob, qui vise « à interdire l’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schiste. »
Bové devant l’Assemblée
Hier, les manifestants ont clairement voulu maintenir la pression. « On demande une abrogation de tous les permis, pris pour le Sud et pour la région parisienne », a indiqué, à Nant, Anne Lacouture, l’une des coordinatrices des différents collectifs constitués contre le gaz de schiste et l’assistante du député européen Europe Ecologie-Les Verts José Bové. Pour ce dernier, qui ambitionne de réunir cet été 200 000 personnes sur le Larzac comme il l’avait fait en 2003, « cette mobilisation va faire date puisqu’au-delà des milliers d’opposants à ces projets, beaucoup d’élus de l’Aveyron sont présents à Nant, ainsi que les présidents des conseils généraux de l’Aveyron et de l’Hérault. » « Cette mobilisation montre que malgré les promesses de François Fillon, les Français se méfient et exigent purement et simplement l’abrogation de ces permis d’exploitation », a-t-il ajouté.
José Bové entend entretenir la contestation et a d’ores et déjà appelé à une manifestation devant l’Assemblée nationale les 10 et 11 mai lors de l’examen de la proposition de loi. « Le peuple doit être devant l’Assemblée pour que les élus tiennent leurs promesses », a poursuivi José Bové qui compare la mobilisation de ce dimanche contre les gaz de schistes aux grandes luttes contre l’extension du camp militaire du Larzac dans les années 70. « On disait à l’époque : des moutons, pas des canons. Eh bien aujourd’hui, c’est des moutons, pas des compagnies pétrolières. Mais la résistance est la même. »
Le chiffre : 8 000
manifestants à Nant. selon le député européen Europe Ecologie-Les Verts José Bové. Les gendarmes en ont compté 4 000. A Cahors, il y avait entre 3200 et 5000 personnes dans les rues.
« On disait à l’époque : des moutons, pas des canons. Eh bien aujourd’hui, c’est des moutons, pas des compagnies pétrolières. Mais la résistance est la même. » José Bové, député européen Europe Écologie-Les Verts, faisant référence aux luttes du Larzac.
Ambiance bon enfant et slogans chocs
À Cahors comme à Nant hier, c’est souvent en famille et dans une ambiance bon enfant que les manifestations ont réuni des milliers d’opposants aux gaz de schiste, population locale mais aussi venue des départements voisins. À Cahors, où défilait la fille de José Bové, Marie Bové, conseillère régionale d’Aquitaine, parmi les banderoles, on pouvait lire « Ne nous faites pas schister chez nous », « Gaz toi pauv’con » et une grande banderole « Non au gaz de schiste » déployée sur le pont Valentré. A Nant, c’était « Gaz de schistes, une terreur pour l’environnement. » « Non à une France maso-schiste », « Gaz de schiste, non merci ! » étaient quelques-unes des pancartes brandies ici et là. Entre les deux manifestations, des coups de fil et des messages envoyés par internet sur le réseau Twitter. « Tant que la loi n’est pas passée, il faut rester mobilisés et après aussi car, après la présidentielle, ça va revenir », estime Brigitte Ducloz, une représentante du collectif tarn-et-garonnais qui a fait le déplacement à Cahors. Les manifestants ont à l’esprit la porte ouverte laissée par François Fillon pour des exploitations futures avec d’autres techniques. Le Premier ministre a en effet ordonné une mission de recherche scientifique pour étudier les possibilités d’exploiter de tels gaz sans nuire à l’environnement. Hier, les manifestants ont également évoqué un rapport américain mené par des parlementaires démocrates sur les produits utilisés lors de l’extraction de gaz de schiste : 750 substances chimiques différentes dont 29 substances connues aux États-Unis pour être des cancérigènes… Ph. R.