Europe Ecologie-Les Verts
Dans le cadre français tout d’abord, le lancement réussi du nouveau parti, selon la procédure d’une « coopérative » qui en renouvelle les modes de fonctionnement, installe définitivement les écologistes comme pièce maîtresse du changement politique. Pour des raisons arithmétiques tout d’abord : avec un score potentiel de 15%, peut-être davantage, aucune majorité de changement ne peut être trouvée sans eux, et encore moins contre eux. Et pour des raisons de positionnement ensuite, car ils sont ce que ni l’extrême gauche, ni même le PS ne peuvent être, à savoir une passerelle électorale qui « siphonne » allègrement un électorat indécis, ou déçu, ou progressivement acquis à l’idée que la droite traditionnelle défend un modèle de croissance et de société profondément inadapté aux besoins de l’Humanité au 21ème siècle.
Si Nicolas Sarkozy est battu en 2012, non seulement les Écologistes seront un des principaux piliers de la nouvelle majorité, mais ils seront aussi ceux dont l’apport aura été décisif pour réussir l’alternance. Ils auront donc, nécessairement, un poids considérable, pour imposer leurs priorités, et pour prétendre aux responsabilités les plus importantes. Et si Sarkozy n’est pas battu, ce sera avant tout l’échec du challenger, le PS, qui devra alors craindre pour son leadership dans l’opposition ! Dans un cas comme dans l’autre, une nouvelle donne sera en place. C’est d’ores et déjà un fait établi, qui ne pourrait être remis en cause que pour une seule raison : la « débandade » du mouvement qui vient de se rassembler. Or les bases jetées à Lyon sont solides, et rien ne permet de valider un tel scénario.
Il faut ensuite mesurer les changements potentiels qui s’annoncent à l’échelle de l’Europe. Car dans le même temps de la montée en puissance de l’écologie politique en France, on observe une percée encore plus significative en Allemagne. Les Grünen sont en effet crédités de scores d’environ 25%, et dans certains länder, jusque là très conservateurs, leur percée est fulgurante, 33% par exemple dans le Bade-Wurtemberg. Des élections partielles sont annoncées qui devraient, d’ici quelques semaines, confirmer ces sondages, et lors des élections générales qui auront lieu en 2013, quelques mois après celles de France, l’Allemagne aussi risque de donner aux écologistes un rôle qu’ils n’avaient jamais tenu jusqu’à présent, au tout premier rang de la vie politique et des leviers de décision de la première puissance économique européenne. Et la présence simultanée en France et en Allemagne d’écologistes au plus haut niveau de responsabilité ne pourra rester sans des répercussions considérables sur la conduite des affaires européennes.
Cette nouvelle architecture de la vie politique française et européenne n’est encore qu’une hypothèse pour 2012/2013, mais avec une certaine probabilité de se réaliser. Et si elle ne se réalise pas aussi tôt, elle restera dans l’air du temps pour se concrétiser ensuite. Car les lignes de force qui portent ces changements politiques sont celles qui sont générées par les besoins réels de nos sociétés. Le schéma politique qui organise chaque pays d’Europe depuis l’après-guerre ne peut rester sans changement alors que l’Europe avance, et alors que l’accomplissement des missions du politique à l’égard de la société et des citoyens change de nature, au fur et à mesure que les États et les gouvernements nationaux se retrouvent dans des impasses grandissantes pour faire face à la crise économique et au défi climatique.
Pour résoudre les problèmes de chômage, de démocratie, de répartition des richesses, ou de sauvegarde de la planète, il faut structurer une action politique ancrée dans le local, et capable de peser dans le global. C’est le binôme Région/Europe qui construira l’alternative politique réelle, laissant les partis qui sont configurés par les seuls États en panne de stratégie d’avenir. RPS apporte sa pierre à la construction de cette nouvelle logique au sein d’Europe Écologie-Les Verts. Et, en retour, il pourrait bénéficier largement de la dynamique générale de ce rassemblement.
François ALFONSI