Europe Sociale : une opportunité manquée
Lorsqu’il a pris la tête de l’exécutif européen en 2014, Jean-Claude Juncker se donnait comme ambition de rendre l’Europe socialement exemplaire. Il se voyait comme le Président de la Commission « de la dernière chance ». Les Verts européens le rejoignaient sur ce point car des mesures concrètes et immédiates sont nécessaires pour assurer un progrès social pour tous et soutenir les plus démunis et laissés pour compte en Europe. Pourtant il y a un fossé abyssal entre la vision annoncée et la réalité des mesures que la Commission européenne propose de mettre en œuvre.
« La vacuité du pilier social est inquiétante au regard du défi que représente la nécessité de répondre aux aspirations des citoyens européens en demande d’une Europe qui les protège réellement contre les dérives de la mondialisation » juge Karima DELLI. D’ailleurs « la Commission espère sans doute le faire oublier en mettant en avant des propositions demandées de longue date sur l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée » estime la députée européenne membre de la Commission parlementaire Emploi et affaires sociales. Aussi nous saluons tout de même que plusieurs points positifs soutenus par les Verts puissent bientôt voir le jour comme un congé de paternité de dix jours, ou une période de cinq jours par an pour pouvoir soigner une personne de son entourage et un congé parental de quatre mois non transférable. « Après les atermoiements liés à l’ancien projet de congé de maternité qui a fini le bec dans l’eau à cause de l’égoïsme des États, nous espérons que cette nouvelle proposition pourra aboutir. »
Après le Brexit et face la montée des populistes dans de nombreux pays, l’UE doit prouver qu’elle peut offrir une prospérité véritablement partagée si elle veut regagner la confiance de ses citoyens. C’est pourquoi nous aurions souhaité voir proposées des mesures concrètes sur un revenu minimum adéquat, l’accès aux logements sociaux ou l’égalité entre les genres ou la présentation d’une proposition législative sur les conditions de travail telle que demandée par le Parlement européen et afin de couvrir les nouvelles formes d’emploi, plutôt que des consultations. Ces dernières ne suffiront pas à améliorer la vie des citoyens ou à renouveler leur foi dans l’UE. La démarche de la Commission est d’autant plus incompréhensible que l’élaboration de ces faibles propositions a déjà été précédée par de larges et fructueuses consultations ouvertes à la société civile.
Affaire à (pour)suivre donc…
Photo : Eutah Mizushima