Eviter à tout prix un défaut de la Grèce
Les dirigeants européens et des États doivent pouvoir rendre compte de leurs décisions aussi bien à la Grèce qu’au reste des citoyens de l’UE en exposant clairement les coûts et les avantages d’un accord potentiel. Il est indispensable de modifier les orientations de la stratégie autodestructrice actuelle qui consiste à couper les dépenses et à augmenter les impôts. Une telle stratégie ne peut qu’aggraver la spirale de la récession, alourdir le fardeau de la dette et aboutir à une faillite catastrophique inéluctable. S’acharner dans cette stratégie perdante ne pourra qu’exacerber la crise économique en Grèce et générer des coûts colossaux pour le reste des contribuables de la zone euro.
Jean-Claude Juncker et Angela Merkel devraient plutôt collaborer étroitement avec le gouvernement grec pour élaborer des réformes ambitieuses qui ne reproduisent pas les erreurs des programmes précédents et permettent de remédier aux pathologies profondes du cadre institutionnel grec. Sur les retraites, notamment, les parties doivent se mettre d’accord à la fois sur des mesures de réduction des coûts qui soient plus graduelles et sur une remise à plat d’un système miné de dérogations qui sont non seulement injustes pour les jeunes mais également non viables pour le pays.
Pour éviter le scénario du pire cas, l’UE doit libérer de toute urgence la dernière tranche de 7,2 milliards d’euros du programme de renflouement. Ce versement ne peut toutefois pas être accompagné de conditions irréalisables. Ce qui veut dire que les créanciers doivent adapter leurs demandes en tenant compte de la crise humanitaire et faire preuve de réalisme économique. Une telle stratégie révisée impliquerait une flexibilité accrue concernant les mesures budgétaires prévues pour 2015 et la mise en relation des futurs objectifs budgétaires avec l’évolution du PIB. Le pays est confronté à une crise humanitaire dévastatrice. Le système de soins de santé n’est plus en mesure de fonctionner décemment et nécessite une intervention urgente. Désormais, les hôpitaux ne peuvent même plus garantir les soins de base. Trois millions de Grecs n’ont plus de couverture maladie et ne peuvent compter que sur les soins de santé dispensés par des médecins et infirmières bénévoles de cliniques de bienfaisance financées par des dons. L’UE doit montrer qu’elle est capable d’aider à la reconstruction d’un système de santé digne de ce nom.
Les ministres des finances de l’UE doivent se confronter à ces réalités et enfin faire des propositions sérieuses sur la gestion de la dette de la Grèce dont une nouvelle restructuration est désormais devenue inévitable. L’UE doit également stimuler l’économie grecque en mettant sur pied avec le gouvernement grec, un plan d’investissement pour le pays financé par des sources publiques et privées. Ce plan doit notamment viser l’indépendance énergétique du pays. Le haut potentiel de la Grèce en énergies renouvelables lui permettrait de devenir un exportateur net d’énergie et ainsi de réduire son endettement. Enfin, la mise en place d’une union monétaire s’attaquant réellement aux déséquilibres macroéconomiques excessifs est une réponse structurelle indispensable. Tout comme l’élaboration d’une feuille de route en vue d’aboutir à une capacité fiscale commune. Comme l’échec, les solutions seront collectives ou ne seront pas. »
Un commentaire
On entend plus parler de la Grèce depuis de nombreux de mois. Le problème serait-il réglé ? Ou le Brexit a-t-il accaparé l’attention de l’Europe ?