Hongrie : une présidence de l’Union européenne déjà controversée
Depuis fin décembre, une nouvelle loi sur les médias a provoqué de grandes manifestations dans les rues de Budapest. Quand ce texte sera véritablement applicable (« après la fin de la présidence hongroise », a d’ailleurs contesté Daniel Cohn-Bendit), des amendes commenceront à tomber sur le dos des chaînes de radio et de télévision dont le contenu porterait atteinte « à l’intérêt public, l’ordre public et la morale » ou divulguerait des « informations partiales ». Un conseil des médias sera en charge du contrôle et de l’application de cette loi – une instance bien sûr composée de membres du parti au pouvoir, le Fidesz.
Loi anti-démocratique
Pour les Verts/ALE, ces évolutions anti-démocratiques enfreignent ni plus ni moins les critères de Copenhague qui définissent les conditions d’entrée dans l’UE. La Hongrie est pourtant signataire de la Convention européenne des droits de l’homme qui garantit la liberté d’expression et d’information. Dans l’hémicycle, Daniel Cohn-Bendit a pris la parole et s’est adressé directement au Premier ministre hongrois : « L’information équilibrée n’existe pas. Est-ce que Nixon trouvait l’information sur le Watergate équilibrée ? Est-ce que George W. Bush trouvait l’information sur la prison d’Abou Ghraib équilibrée ? Bien sûr que non. L’information doit déranger la politique et c’est parfois douloureux. »
La Commission européenne a indiqué le mardi 18 janvier qu’elle demandait des « clarifications » sur cette loi controversée qui menace directement les valeurs fondamentales de l’UE. « Il est indispensable d’obtenir un profond changement de cette loi sur les médias en Hongrie, confirme Daniel Cohn-Bendit. La base de la liberté est justement la liberté d’expression, jamais une démocratie n’est morte parce qu’il y avait trop de liberté, mais elles sont mortes lorsqu’on a restreint les libertés. »
Ce débat intervient alors que la liberté de la presse fait marche arrière au sein même de l’UE. En 2010, certains Etats-membres ont dégringolé du classement établi par Reporters sans frontières (RSF). En mauvaise position, la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie et l’Italie (49 sur 120). Violation de la protection des sources, concentration des médias, « mépris et impatience du pouvoir politique envers les journalistes et leur travail », convocations de journalistes devant la justice… Selon l’ONG, « l’Union européenne n’est pas un ensemble homogène en matière de liberté de la presse. Au contraire, l’écart continue de se creuser entre les bons et les mauvais élèves. »
par EurodeputesEE
« Une autre politique européenne est possible »
Le groupe des Verts/ALE au Parlement européen a établi une liste de priorités pour ce premier semestre 2011 et pour la présidence hongroise. Parmi elles, le pluralisme des médias, l’intégration des Roms et la gouvernance économique européenne. Pour en savoir plus, un document (en anglais) est accessible en visitant le site des Verts/ALE.
– Mettre en place la gouvernance économique européenne, la justice fiscale et la solidarité au sein de l’UE
– Créer des emplois verts
– Combattre la pauvreté
– Porter des objectifs ambitieux pour le climat dans les négociations post-Cancún
– Economiser de l’énergie et réduire les coûts pour les consommateurs
– Instaurer un budget vert qui soutiendrait une vision durable de la politique de cohésion et de la Politique agricole commune (PAC).
– Agir pour l’intégration des Roms en Europe
– Défendre le pluralisme des médias comme le fondement de notre démocratie
– Soutenir l’égalité des genres et le droit des femmes
– Assurer une production industrielle responsable
– Sauvegarder les droits des consommateurs
– Développer une stratégie pour la région du Danube durable.
– Construire l’Europe de demain : l’élargissement aux Balkans et la politique de voisinage