« La taxe carbonne proposée par Nicolas Sarkozy c’est un couteau sans lame »
Ce jeudi, Nicolas Sarkozy a présenté les modalités de mise en œuvre de la taxe carbone : fixée à 17 euros la tonne de CO2, elle s’appliquera aux ménages et aux entreprises, qui recevront des compensations (réduction d’impôts et suppression de la taxe professionnelle).
Quel bilan tirez-vous des déclarations de Nicolas Sarkozy ?
C’est déception à tous les étages. Le niveau de la taxe est évidemment trop bas pour être efficace et atteindre un grand objectif de diminution des gaz à effets de serre. C’est un couteau sans lame ! Autre problème : la progressivité de la taxe n’est pas annoncée clairement. Les ménages et entreprises ne savent pas que la taxe va augmenter. On ne leur dit pas la vérité. Ne pas taxer l’électricité, c’est encourager le chauffage électrique qui est un piège à endettement pour les ménages modestes. Enfin, le critère géographique pour les compensations ne me paraît pas suffisant : il faudrait tenir compte des revenus pour avoir une taxe équitable.
Selon le président de la République, 17 euros la tonne de CO2 constitue le prix du marché. Qu’en pensez-vous ?
C’est stupéfiant qu’après avoir vécu la crise financière de ces derniers mois et d’avoir entendu le président de la République vouloir une forme du capitalisme, on veuille faire fixer le prix de la lutte contre le réchauffement par le marché ! C’est un retour en arrière, c’est faire confiance au marché pour lutter contre le réchauffement. Il n’y a pas de pire solution. Se réfugier sur le prix du marché pour un grand enjeu de l’humanité, c’est sortir la corde pour se pendre.
Pensez-vous néanmoins que la taxe carbone puisse avoir un effet sur les émissions de CO2 ?
Ça va être homéopathique ! Taxer à 17 euros la tonne de CO2, ce n’est pas assez dans un budget moyen, cela ne va donc pas aider les gens à changer de comportement. Il n’y a donc pas de signal-prix fiable avec les modalités présentées par Nicolas Sarkozy. Cette mise en œuvre déconsidère la fiscalité écologique. C’est du placebo.
Propos recueillis par Oriane Raffin