Législatives en Allemagne : les Verts enregistrent un résultat record
28/09/2009 04h05 – ALLEMAGNE-ÉLECTIONS – Monde (FRS) – AFP
Par Frédéric BICHON
BERLIN, 28 septembre 2009 (AFP) – Les électeurs allemands ont reconduit
dimanche à la chancellerie la conservatrice Angela Merkel, pour un nouveau
mandat de quatre ans à la tête de la coalition de centre-droit de son
choix avec les libéraux, selon les résultats officiels.
Les conservateurs (CDU/CSU) de Mme Merkel et leurs alliés libéraux du FDP
ont remporté une majorité confortable avec 332 députés sur les 622 que
comptera finalement le Bundestag, selon les résultats officiels
communiqués lundi à l’aube.
Les sociaux-démocrates (SPD), qui gouvernaient avec Mme Merkel depuis
quatre ans dans une « grande coalition » et dont le candidat à la
chancellerie était le ministre des Affaires étrangères sortant
Frank-Walter Steinmeier, 53 ans, enregistrent leur plus bas score
historique à 23%.
La chancelière venue de l’ex-RDA, âgée de 55 ans et immensément populaire,
a annoncé elle-même une heure après la clôture du scrutin la formation de
cette nouvelle coalition qu’elle appelait de ses voeux pour gouverner la
première puissance économique européenne, frappée par une récession sans
précédent.
« Nous pouvons ce soir célébrer la victoire. Nous avons réussi à obtenir
une majorité solide, pour former un nouveau gouvernement de la CDU/CSU et
du FDP, et c’est bien », a déclaré Mme Merkel au quartier général de son
parti à Berlin.
La CDU/CSU enregistre toutefois son plus mauvais score depuis 1949, avec
33,8% des voix.
« Le résultat est amer pour la CDU-CSU, et particulièrement pour la
chancelière », commentait le quotidien Die Welt de lundi, à l’unisson de
ses confrères. Cette victoire est avant tout « le succès du FDP », pour le
quotidien conservateur.
La participation atteint un niveau historiquement bas: 70,8% contre 77,7%
il y a quatre ans.
« Je veux être la chancelière de tous les Allemands, afin d’améliorer la
situation de notre pays », a-t-elle ajouté.
Le FDP recueille 14,6% des voix, le meilleur score qu’il ait jamais
atteint, et retrouve ainsi son rôle traditionnel de « faiseurs de rois »
après une cure d’opposition de onze ans.
Le chef du FDP, Guido Westerwelle, s’est félicité de « ce résultat
excellent » et a promis de faire en sorte que l’Allemagne ait un « système
fiscal équitable, d’améliorer les chances en matière d’éducation et de
défendre les libertés individuelles ».
Le social-démocrate Steinmeier, 53 ans, a concédé une « défaite amère »,
relevant qu’un « nouveau rôle nous attend, celui d’opposition ». Le SPD
avait recueilli 34,2% des suffrages il y a quatre ans et recule de plus de
10 points. Durant la campagne, il n’est pas parvenu à se présenter comme
un véritable rival des conservateurs avec lesquels il avait gouverné.
Mme Merkel, la « femme la plus puissante de la planète » pour la quatrième
année consécutive, selon le magazine Forbes, plaidait pour la fin de cette
coalition.
« Demain, il s’agira de donner la force à l’Union de former un nouveau
gouvernement en Allemagne, dans une nouvelle constellation », avait-elle
lancé samedi lors de son dernier meeting, à Berlin, à l’issue d’une
campagne atone où elle s’est gardée de faire la moindre promesse.
La CDU a battu campagne en misant tout sur la popularité record de la
chancelière, quitte à éviter les débats de fond.
La sécurité avait été renforcée dans le pays, singulièrement dans les
gares et les aéroports, alors qu’à l’approche du scrutin des menaces de
militants islamistes ont circulé sur internet, dont un message sous-titré
en anglais et en allemand du chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden.
Seuls cinq des partis en lice franchissent la barre des 5% requise pour
entrer au Bundestag, selon ces projections.
Die Linke, qui déborde le SPD sur sa gauche, fait un bond de 8,7% en 2005
à 11,9%. Les Verts enregistrent eux un résultat record de 10,7%,
franchissant pour la première fois la barre des 10%.
De nombreux dossiers économiques attendent le gouvernement Merkel II, dont
l’accroissement annoncé du chômage, l’augmentation des déficits et les
difficultés du système éducatif et de santé, alors que le pays commence à
sortir de la récession.
L’engagement de l’Allemagne en Afghanistan figurera aussi à l’ordre du jour.
CDU et FDP ont déjà dit vouloir revenir sur l’abandon programmé de
l’énergie nucléaire.
bur-fjb/mf