Les eurodéputés plaident pour un accord ambitieux à Copenhague
Les eurodéputés plaident pour un accord ambitieux à Copenhague
L’Union européenne doit avoir un rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique. C’est en tout cas la conviction de la majorité des députés européens. Réunis en session plénière à Strasbourg, ils ont réaffirmé hier la nécessité d’aboutir à un accord ambitieux au sommet de Copenhague.
Strasbourg.- Parlement européen
Le Parlement européen a accueilli hier son premier réfugié climatique. Sculpté dans un bloc de glace de deux mètres de haut posé au milieu de la cour du bâtiment Louise Weiss, le visage translucide tourné vers le ciel, ce personnage éphémère incarne « les 150 à 200 millions de personnes qui vont être chassées de chez elles d’ici 2020 », explique l’eurodéputé José Bové.
Une manière pour ses colistiers d’Europe Écologie, soutenus par le groupe des Verts/ALE, de « rappeler aux parlementaires ce qui se jouera à Copenhague », où se tiendra du 7 au 18 décembre prochain le sommet des Nations unies sur le changement climatique : rien de moins, estime Eva Joly, que « l’avenir de la planète ».
C’est également l’avis de la grande majorité des eurodéputés, qui ont rappelé hier, à l’instar de Jo Leinen, président (socialiste et démocrate) de la commission Environnement du Parlement, « que l’Union européenne doit jouer un rôle de meneur » dans la négociation en cours. Qu’elle doit « ouvrir la voie à une réponse ambitieuse, concrète et mondiale aux défis du changement climatique », a estimé Rachida Dati (Parti Populaire Européen).
30 % de réduction
des émissions
de CO2 d’ici 2020
Cela passe par la définition d’objectifs précis et contraignants. « Les scientifiques estiment que pour limiter l’augmentation des températures à moins de 2 degrés, une réduction des émissions de CO2 d’au moins 40 % est nécessaire d’ici 2020 », précise M. Leinen. « Ce que le Parlement attend de l’Union, c’est d’opter pour un objectif de réduction des émissions de CO2 de 30 % si les États-Unis, le Japon et l’Australie en font autant ».
Les moyens pour l’atteindre sont d’ores et déjà définis : réduction de la consommation énergétique, recours accru aux énergies renouvelables, développement des technologies vertes et fin de déboisement, responsable à lui seul de 20 % des émissions de gaz à effet de serre.
Le principal enjeu dans cette bataille, ont rappelé les eurodéputés de manière très consensuelle, reste néanmoins l’aide aux pays en voie de développement qui risquent de faire face d’ici 2020 à des coûts annuels de l’ordre de 100 milliards d’euros pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Sans financement,
pas d’accord
« Les pays industrialisés doivent leur fournir un soutien financier suffisant et durable », a souligné M. Leinen. « Nous demandons que la contribution financière de l’Union européenne ne soit pas inférieure à 30 milliards d’euros par an jusqu’en 2020 », quitte à créer, pour la financier, un système de taxation sur les transactions financières internationales ou sur le système d’échanges de quotas d’émissions de CO2. La Commission européenne a en effet fait savoir qu’elle n’était pas favorable à la création d’un nouveau fonds.
De l’avis général, « le financement est la clé pour le succès des négociations à Copenhague », a souligné Corien Wortmann-Kool (PPE). En tout cas l’une des deux, l’autre étant de parvenir à convaincre les États-Unis et les pays émergents (Inde, Chine, Brésil) d’assumer leurs responsabilités. Ce n’est pas gagné. « Les négociations », a déploré le ministre de l’Environnement suédois Andreas Carlgren, « avancent beaucoup trop lentement ».
Odile Weiss