Lettre ouverte des députés européens aux Ministres des Etats membres de l’UE en charge des Affaires Intérieures en vue de la réunion du Conseil JAI du 22 septembre
Face au blocage des négociations sur le programme européen commun de réinstallation au sein du Conseil, il est indispensable que les Etats membres s’engagent sans délai à réinstaller, en partenariat avec le UNHCR, les réfugiés ayant fui la Libye et toujours bloqués dans les camps aux frontières tunisienne et égyptienne. Principalement d’origine subsaharienne, leur retour en Libye représente une menace pour leur vie eu égard aux exactions commises à l’encontre des populations subsahariennes considérées comme des mercenaires pro-Kadhafi.
La question de la réinstallation se doit d’être pleinement abordée par le Conseil: il serait totalement irresponsable de sa part de continuer à se défausser sur les pays voisins à la Libye sans assumer ses obligations internationales.
Lettre ouverte de députés européens aux Ministres des Etats membres de l’UE en charge des Affaires Intérieures en vue de la réunion du Conseil JAI du 22 septembre
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Nous vous interpellons au regard de la situation des réfugiés de pays tiers s’étant réfugiés notamment en Tunisie et en Egypte, à cause de la guerre civile en Libye.
Quelques Etats membres de l’Union ont accepté d’accueillir quelque 460 réfugiés sur les 5.000 personnes ayant trouvé refuge dans des camps aux frontières égyptienne et tunisienne avec la Libye. Le HCR a déjà reconnu ce statut de réfugié à 2.500 qui peuvent donc bénéficier de ces dispositions de réinstallation.
Il nous apparaît crucial que l’Union et ses Etats membres jouent un rôle plus important dans les efforts internationaux d’accueil des réfugiés du conflit libyen. La réponse actuelle n’est pas la hauteur des déclarations et des valeurs et des principes que prône l’Union européenne.
Au-delà de la révision des dispositions communautaires en matière de réinstallation afin de permettre une réponse plus rapide aux situations d’urgence, nous soulignons que la réponse apportée jusqu’à présent par l’Union européenne et ses Etats membres est insuffisante au regard des efforts accomplis par la Tunisie et l’Egypte et des enjeux tels qu’ils découlent des aspirations démocratiques de ces peuples.
Nous ne trouvons pas acceptable que certains Etats membres refusent d’accueillir des réfugiés et continuent de demander aux pays riverains de la Libye de prendre en charge les réfugiés de Libye.
Ces décisions sont en contradiction avec les déclarations de l’Union de réorienter sa politique de voisinage avec les pays du Sud de la Méditerranée et de s’engager dans de nouveaux partenariats avec eux.
En ne prenant pas sa part aux efforts de réinstallation des réfugiés du conflit libyen, l’Union et certains de ses Etats membres ne contribuent pas à restaurer la confiance des populations à l’égard de l’Union européenne qui reste marquée par son attitude bienveillante à l’égard des anciennes présidences autoritaires ou dictatoriales des pays du pourtour méridional de la Méditerranée.
Nous vous invitons solennellement à ajouter cette question de la réinstallation des réfugiés du conflit libyen à l’ordre du jour de cette réunion du Conseil Justice et Affaires intérieures du 22 septembre et à prendre les décisions qui permettront à l’Union européenne et à tous ses Etats membres d’assumer leurs responsabilités en matière d’accueil des réfugiés eu égard aux conventions internationales en la matière dont ils sont signataires.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Mesdames et Messieurs les Ministres, l’expression de nos sentiments les meilleurs.
Hélène Flautre
Marie-Christine Vergiat
Sylvie Guillaume
Kyriacos Triantaphyllides
Malika Benarab-Attou