Accord UE-Turquie: un deal juridiquement douteux
«Ce deal visant à renvoyer en Turquie les réfugiés arrivés en Grèce avant même de pouvoir introduire leur demande d’asile n’est ni une solution durable ni une réponse efficace à la crise des réfugiés. Les dirigeants européens ont montré, une fois de plus, leur mépris total des principes fondamentaux de l’UE et du droit international. Il est par ailleurs irréaliste de s’attendre à ce que cet accord puisse être mis en oeuvre en l’espace de quelques jours en l’absence des ressources humaines et financières colossales qui seraient nécessaires.
Cet accord est incompatible avec le droit de demander et de bénéficier de l’asile interdisant les expulsions collectives et qui requiert une évaluation appropriée des besoins de chaque réfugié.
Il est évident que la Turquie ne peut être considérée comme un pays tiers sûr en raison du traitement lamentable qu’elle réserve généralement aux demandeurs d’asile. Une fois encore, les dirigeants européens abdiquent de manière opportuniste en fermant les yeux sur les violations des droits humains perpétrées par le régime autoritaire d’Ankara.
En transformant les hotspots grecs en centres de détention pour les demandeurs d’asile le temps d’organiser leur expulsion vers la Turquie, nos leaders tournent le dos à tous les accords internationaux relatifs aux droits fondamentaux des demandeurs d’asile et des migrants.
Enfin, le comble de la faillite morale serait que l’UE n’accepte la réinstallation que pour 72.000 personnes sur une base volontaire. Autrement dit, pour seulement 3% du nombre de réfugiés se trouvant en Turquie, l’équivalent d’une goutte d’eau dans l’océan au regard du demi-milliard d’Européens. L’UE pourrait parfaitement gérer la réinstallation de 500 000 réfugiés par an pendant les 6 prochaines années grâce à un système de répartition équitable. Malheureusement, les leaders européens ont choisi une réponse expéditive qui ne résout rien. »