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Mobiliser pour le climat !

14 décembre 2009
Regards

International

Après la démonstration de force de la société civile samedi 12, c’était hier le temps de réfléchir. Dimanche après-midi, au Klimaforum, CJA (Climate Justice Now) ouvrait ainsi le débat sur les perspectives du mouvement (1). Au nombre des regrets pour les organisateurs danois, les 968 arrestations du samedi 12, qui ont conduit à 3 comparutions immédiates. Et les moments humiliants vécus par les personnes arrêtées (attente dans le froid sans accès aux toilettes…, garde à vue de plusieurs heures pour rien, etc.). La même chose s’est d’ailleurs répétée dimanche matin, lors d’une action qui visait à fermer le port de Copenhague. Comme à son habitude, la police danoise n’a pas cherché à laisser naître une quelconque initiative : quelque 400 personnes ont été assez vite arrêtées, pour être relâchées en fin de soirée. Parmi elles, des jeunes Verts que les membres d’Europe Ecologie chercheront à localiser une bonne partie de la journée. A été testée l’efficacité des services consulaires français… plutôt bonne.

« Our time is now », répétaient à l’envie les participants au débat de CJA. Chacun y est allé de son exemple de mobilisations nationales, des possibilités d’accroître le travail en réseau. On y trouvait aussi des mots d’ordre plus généraux, notamment sur la marchandisation du monde. Car en arrière plan de la conférence de Copenhague se joue aussi une autre partie de cartes : celle du redéploiement du mouvement altermondialiste et de sa multitude. Ici, on croise évidemment des personnes engagées sur les questions climatiques et environnementales depuis longtemps, ainsi que les mouvements, notamment paysans, qui depuis Seattle font le lien entre ces questions-là, les modes de productions et les règles du marché qui y sont liées (OMC). Mais on voit aussi arriver une partie de ceux qui étaient de tous les sommets alter, contre les G8, comme par exemple Gènes en 2001 : centres sociaux italiens, militants no borders allemands, pacifistes des pink blocks de touts bords, désobéissants, etc. On croise ainsi le mouvement Attac, qui a notamment produit un certain nombre d’analyses pointilleuses, sous l’égide de Geneviève Azam (lire notamment le rapport Le climat dans la tourmente des marchés, http://www.france.attac.org/spip.php?article10514). Et de même manière, la campagne Urgence climatique/Justice sociale qui s’est déroulée toute l’année 2009, est l’exemple même de l’évolution des mouvements sociaux sur les questions environnementales et de l’écologie en général, qu’ils prennent enfin véritablement en compte.

D’ailleurs, pour un certain nombre, on ne parviendra pas à résoudre les questions posées à Copenhague sur le dérèglement climatique, sans remettre en cause durablement les règles du commerce international et celles de la diplomatie internationale. Ce furent les mots de José Bové, dans un meeting organisé par les Global Greens au Klimaforum, où était également attendue la prix Nobel Wangari Mathai, malheureusement empêchée. Les leaders Verts mondiaux y étaient venus expliquer devant une salle comble leurs investissements sur les négociations en cours, de l’Australie en passant par le Canada ou l’Europe. Plusieurs ont ainsi stigmatisé l’attitude attentiste de l’Union européenne, qui ne joue pas le jeu du leader dans lequel on l’attendait. Elisabeth May (Canada) a également appelé à un peu de lucidité : « Obama n’est pas Bush mais les Etats-Unis restent les Etats-Unis ».

Quant à José Bové, il a évoqué le passé pour construire le futur. « Il y a 10 ans, on a martelé que le monde n’était pas une marchandise. On est ici à Copenhague pour dire que la Terre appartient à l’humanité. Et qu’elle est aujourd’hui menacée par un mode de production industrielle, un mode de transports dangereux et un mode de consommation absurde. On est dans un monde fini ! C’est pour cela que les règles sont en train de changer. On ne peut plus penser le monde avec les vieilles idéologiques productivistes. Il faut changer de logiciel politique et c’est l’écologie politique qui le permet. » Le député européen en a aussi profité pour dénoncer les résistances des pays industriels, derrière qui on retrouve de nombreuses multinationales, qui « tel Monsanto », ne cherchent pas à encourager une évolution des modes de production (2). José Bové a aussi insisté sur la nécessité que les Nations-Unies saisissent leur chance pour faire évoluer la diplomatie internationale, qui « donnerait toute sa place aux pays du Sud ».

Enfin, ce meeting s’est terminé par une intervention, digne de celle d’une rock star de Marina Silva, candidate à l’élection présidentielle brésilienne, ancienne ministre de l’environnement de Lula, membre du Parti des Travailleurs avant de rejoindre les Verts Brésiliens. « Il est temps de sortir de l’économie prédatrice, a-t-elle proclamée. Les gouvernements ne doivent pas oublier qu’en dehors des réunions protocolaires, il y a des problèmes des gens à régler ! » Voilà de quoi se remettre d’aplomb avant de débuter la seconde et décisive semaine de négociations.

Emmanuelle Cosse, en direct de Copenhague

1. À lire un compte rendu un peu plus exhaustif sur le live bloging :

2. D’ici la fin de la semaine, un billet sur leurs communications en salle de presse qui méritent un peu d’attention…

13 décembre 2009 – Emmanuelle Cosse

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