One of Us : l’initiative citoyenne européenne qui veut mettre le corps des femmes sous contrôle

9 avril 2014
Lancée en mai 2012, l’initiative citoyenne européenne One of us a pour objectif d’empêcher en Europe le financement d’actions qui aboutiraient à la destruction d’embryons humains. Les mouvements « anti-choix » tentent ainsi de donner un statut de personne humaine juridique à l’embryon. Alors que ses organisateurs présentent cette initiative citoyenne (qui a recueilli 1721 626 signatures) le jeudi 10 avril au Parlement européen, les eurodéputés écologistes dénoncent une démarche qui risque de mettre en péril la santé et la vie de milliers de femmes à travers le monde.
Chaque année, l’Union européenne finance des programmes consacrés à la santé maternelle et reproductive à hauteur de 120 millions de dollars. Sur le terrain, ce sont les mêmes structures qui fournissent à la fois des services liés à l’avortement mais aussi la délivrance d’une contraception ou le suivi des grossesses. En proposant de suspendre les programmes de recherche européens sur les cellules souches et l’aide au développement et en demandant de mettre fin aux aides dédiées à la santé maternelle (qui financent dans certains cas l’avortement), l’initiative citoyenne européenne One of us « menace directement directement la santé et la vie des femmes, dénonce Nicole Kiil-Nielsen, eurodéputée EELV, alors qu’elles sont près de 800 femmes à mourrir chaque jour dans les pays en développement au cours de leur grossesse ou de leur accouchement. »


Contraire aux engagements de l’UE

Pour les écologistes, le seul moyen de prévenir un avortement est de donner un accès libre et gratuit à des moyens de contraception modernes, de fournir des services de planification familiale et d’éducation à la sexualité. Toutes les données le prouvent : les lois restrictives n’empêchent pas les femmes d’avoir recours à l’avortement mais les poussent au contraire dans la clandestinité. On estime à 20 millions de femmes chaque année qui ont recours à un avortement clandestin, 47 000 en meurent et 5 millions auront besoin de soins médicaux d’urgence ce qui aura de graves conséquences pour leur santé. En 2008, le taux avortement était de 29 pour 1000 femmes en âge de procréer en Afrique et 32 pour 1000 en Amérique latine alors qu’il était de 12 pour 1000 en Europe de l’ouest.

Cette initiative citoyenne est « totalement en contradiction avec les engagements pris par l’Union européenne de renforcer ses efforts pour parvenir en 2015 à réaliser les Objectifs millénaires du développement et en particulier celui sur la santé maternelle », poursuit Nicole Kiil-Nielsen. Mais surtout, l’UE est une force motrice et joue un rôle clé sur le plan international concernant la mise en place de l’agenda post-2015 pour le développement. Elle s’est engagée, poussée par le Parlement européen, à inclure clairement les droits sexuels et reproductifs dans ce nouveau cadre de l’après 2015.

Une galaxie conservatrice

Le rejet du rapport dit « Estrela » sur les droits sexuels et reproductifs, en décembre 2013 au Parlement européen, a permis de lever le voile sur le fonctionnement des mouvements conservateurs et extrémistes « anti-choix » en Europe. Souvent religieuses, ces organisations ont des puissants relais au sein des « pro-vie » locaux et ont souvent le soutien de mouvements évangéliques américains. Elles ont appris à mieux coordonner leurs actions, à utiliser les technologies modernes telles que les plateformes internationales de pétitions et à mobiliser ainsi les citoyens via les réseaux sociaux.

Puisqu’il leur est difficile, en Europe, de remettre en cause les législations nationales sur la question de l’avortement, ces mouvements se tournent vers les pays en développement et cherchent à imposer leur vision… Les personnes à l’origine de l’initiative cherchent ainsi une nouvelle voie pour faire avancer le mouvement « anti-choix » partout dans le monde et promouvoir leur idéologie en instrumentalisant l’UE.

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Un commentaire

  • Gaston Phoebus dit:
     - 

    Bonjour,
    « Protéger et restaurer la nature » est bien un de vos leitmotiv ?
    Je n’ai jamais compris comment vous arriviez à défendre avec autant d’ardeur l’interruption volontaire (et donc pas naturelle) de grossesse et le respect de tous les mécanismes naturels.
    N’est ce pas schizophrénique pour vous ?
    Je précise que je ne suis pas membre d’un mouvement « anti choix » ou d’une quelconque obédience.
    C’est juste que je m’intéresse beaucoup à votre mouvement et je n’arrive pas à comprendre avec des arguments sérieux comment vous pouvez vouloir tout et son contraire.
    Merci de m’éclairer 😉
    Gaston

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