Égalité Hommes–Femmes : Nous sommes encore très loin du compte
Pour Karima Delli, membre de la Commission Femmes:
« Les progrès réalisés sont loin d’être satisfaisants. Si certains considèrent aujourd’hui que la lutte pour l’égalité femmes-hommes est dépassée, il s’avère que la réalité et les statistiques démontrent le contraire.
Qu’il s’agisse de l’égalité des chances et de traitement en matières d’emploi et de salaire, ou du nombre de femmes dans les conseils d’administration des entreprises du CAC 40, nous sommes encore très loin du compte.
En 2015, les Européennes continuent de gagner en moyenne 16,4% de moins que les hommes. Quant à leurs retraites, elles sont en moyenne de 39% inférieures à celles des hommes. Les États-membres de l’UE continuent de bloquer la directive adoptée en 2013 par le Parlement européen sur la représentation des femmes au sein des Conseils d’administration. Celle-ci prévoit de porter à 40% le pourcentage de femmes en leur sein dès 2018 pour les entreprises publiques, et 2020 pour les grandes entreprises cotées en bourse. Actuellement, elles ne sont que 14% à y siéger contre 12% en 2010. À ce rythme il faudrait plus de 40 ans pour atteindre la parité.
Sans mesures politiques incitatrices, y compris en termes de quotas, il est évident que la notion d’égalité restera théorique. Sans compter que l’impact de la législation n’est jamais immédiat. Rappelons que les Françaises ont dû attendre plus d’un siècle et demi après la Déclaration universelle des droits de l’homme pour que le droit de vote leur soit reconnu. »
Pour Ernest Urtasun, membre de la Commission Femmes:
« Si les leaders européens semblent attachés à l’idée d’égalité des genres, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils sont moins intéressés à sa réalisation. Cela se traduit non seulement à travers la sous-représentation des femmes au niveau des institutions nationales mais également européennes. Rappelons que la Commission Juncker ne comporte que 9 femmes sur 28 Commissaires. Celles-ci ne représentent que 35 % des membres du Parlement européen et, en moyenne, 26% dans les parlements nationaux. Les meilleurs élèves étant la Suède avec 45% et la Finlande avec 42,5% de femmes.
Par ailleurs, à force de se heurter au blocage des États, la Commission européenne menace d’abandonner dans les mois qui viennent la directive sur le congé maternité. Un nouveau coup porté à l’égalité par des leaders préférant s’inscrire dans une tradition de discrimination des femmes. Si l’on ajoute à cela les poussées réactionnaires qui n’ont pas manqué de s’exprimer ces dernières années, notamment en France à travers la « Manif pour tous », ou encore l’aveuglement des autorités publiques confrontées au problème des violences physiques et psychologiques faites aux femmes, la situation est loin d’être réjouissante. La reconnaissance effective de l’égalité entre femmes et hommes est donc un combat d’actualité que nous voudrions voir figurer parmi les priorités politiques.«