Perturbateurs endocriniens : la France a lâché sur la protection
Pour rappel, la Cour de justice de l’UE avait condamné en 2015 la Commission pour avoir enfreint l’obligation de déterminer, au plus tard pour le 13 décembre 2013, les critères de définition des perturbateurs endocriniens que l’on retrouve aussi bien dans les pesticides, que dans les plastiques ou les peintures.
Réaction de Michèle RIVASI, membre de la Commission santé publique et environnement :
« Ce vote est clairement une mauvaise nouvelle. La position de la France, soutenue par la Suède et le Danemark, avait permis jusqu’ici d’éviter l’adoption d’un texte ne permettant pas de protéger la santé et l’environnement.
Cette fois, malgré la mobilisation des associations et les avertissements de dizaines de milliers de médecins et de spécialistes dénonçant les carences du projet porté par la Commission, la France a lâché. Les intérêts des grands acteurs économiques européens ont été privilégiés au détriment de la santé publique des citoyens.
Comment peut-on prétendre vouloir lutter contre la prolifération des perturbateurs endocriniens et, en même temps, laisser sur le marché des insecticides connus pour agir sur le système endocrinien ? Ce non-sens témoigne ouvertement du double langage, conciliant mais trompeur, que nous risquons de rencontrer de plus en plus fréquemment.
Les petites avancées obtenues et réelles sur l’engagement de la Commission de revoir les directives jouets et cosmétiques, de réaliser dans les deux ans une recherche sur les effets des perturbateurs endocriniens, d’évaluer l’efficience des critères adoptés ou encore de laisser les États membres décider d’autoriser ou pas, au cas par cas, ces substances sur leur territoire ne doivent pas nous satisfaire.
Le fait d’accepter les dérogations sur les pesticides imposées par l’Allemagne laisse aux agriculteurs la possibilité de continuer à épandre des substances toxiques, mutagènes et reprotoxiques. Ce compromis est une reculade. »