Réfugiés : nous vivons une crise humanitaire majeure Ouvrons enfin les yeux !
« Nous vivons une crise humanitaire majeure en Europe. Rien qu’en juillet dernier, ce sont plus de 100.000 personnes qui avaient déjà franchi la Méditerranée, fuyant les atrocités de la Corne de l’Afrique (Érythrée et Soudan), de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.
Ces personnes qui n’ont d’autres choix que la fuite se heurtent au rejet des politiques sécuritaires nationales et à l’indifférence générale. Pourtant, le mythe des frontières hermétiques et le déni de l’ampleur de la situation nous mènent à l’absurde.
La Macédoine en est une parfaite illustration : après avoir fermé la frontière avec la Serbie, les autorités macédoniennes se sont vite retrouvées débordées au point de décider le 23 août dernier de renoncer à toute forme de contrôle et d’accompagnement, laissant cette fois des milliers d’hommes et de femmes livrés à eux-même.
Le comportement de l’Europe fait honte
Car loin des chiffres abstraits, il s’agit bien de femmes, d’hommes et d’enfants, de chair et d’os, qui arrivent dans des conditions indignes (quand ils ne se sont pas noyés en mer) en Europe, l’un des endroits les plus riches de la planète. Cette même Europe dont les autorités sont incapables de se coordonner et de se mettre en accord avec les idéaux de paix, de solidarité et d’humanisme qui en sont pourtant les fondements.
Pire, trop souvent l’Europe refuse le minimum de dignité et d’accompagnement à celles et ceux qui fuient la misère et la détresse, laissant libre court au repli national, sécuritaire et du rejet de l’autre, allant en Hongrie jusqu’à la construction… d’un mur ! Le traitement des réfugiés par les gouvernants de l’Europe aujourd’hui fait honte.
Et pourtant, la logique d’une Europe de nations – forteresses est un leurre. Le patchwork d’égoïsmes nationaux, dont le gouvernement français, avec son refus de la proposition de Jean-Claude Juncker d’accueillir un quota d’exilé-es, n’est pas en reste, devient criminel : la situation actuelle à Calais en est la triste illustration.
Cette attitude renforce aussi les réflexes de replis et le racisme qui se développent en Europe : car l’absence d’égalité et de solidarité entre les pays renforce la peur des uns et et les inégalités de crise pour les autres.
Les solutions proposées sont sous-dimensionnées
Il est urgent que les pouvoirs publics européens et nationaux regardent en face la crise humanitaire, qui, qu’on le veuille ou non, va durer et s’amplifier. Les causes des migrations (guerres, persécutions, changement climatique) ne sont malheureusement pas en passe de se tarir.
La rencontre du 24 août entre François Hollande et Angela Merkel est l’occasion d’impulser une véritable politique européenne en terme d’accueil des migrants. Car l’Allemagne, elle, a bien compris l’ampleur de ce phénomène qui s’inscrit dans la durée : elle a d’ores et déjà reconnu qu’elle s’apprêtait à accueillir 800.000 demandeurs d’asile pour l’année 2015 (soit quatre fois plus qu’en 2014) et a demandé l’aide de l’Union européenne pour y faire face.
Dans le même temps, elle mobilise dans l’urgence retraités et fonctionnaires pour faire face à la situation. Le gouvernement français, quant à lui, reste arc-bouté sur une politique du compte goutte qui n’empêche aucune migration mais qui maintient des milliers de gens dans des situations indignes humainement et dangereuse sur un plan sanitaire.
Il n’est qu’à voir la situation à Paris. Alors que l’hébergement et l’accompagnement de quelques centaines de demandeurs d’asile provoquent la panique des autorités, les solutions proposées sont complètement sous-dimensionnées et s’apparentent à du bricolage. »
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