Transport routier : le « pollueur-payeur » avance lentement
Dans l’UE, 28 % des émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre, sont imputables à l’activité de transport, et plus particulièrement au transport routier. Alors que 44 % des marchandises transitent par la route et que la demande est à la hausse, nous devons faire face, plus que jamais, aux conséquences réelles de cette activité sur notre environnement et notre santé. Il s’agit de prendre en compte la pollution atmosphérique bien-sûr mais également le bruit, la congestion, les accidents, la perte de la biodiversité, la dépendance au pétrole et les atteintes aux paysages.
Qui doit payer cette pollution ?
Les institutions viennent de trancher et amorcent le principe du pollueur-payeur dans les textes européens. La législation adoptée aujourd’hui par le Parlement européen propose en effet, pour la première fois, ce qu’on appelle en jargon européen « l’internalisation des coûts externes », qui est une compensation financière des impacts du transport routier par les transporteurs. Pour les écologistes, il est fondamental de responsabiliser tous les acteurs du transports routier de marchandises mais aussi de la distribution et de la consommation.
Pourquoi cette taxe ?
Pour une mobilité durable, des fonds sont indispensables pour promouvoir d’autres modes de transports tels que le ferroviaire, le fluvial ou encore le maritime sur courte distance.
Mais surtout, cette taxe est une réelle incitation à une autre consommation. Cette contrainte financière permettra de repenser nos flux de marchandises pour ainsi privilégier nos circuits courts de distribution.
L’UE approuve enfin ce principe – ce que réclament les Verts/ALE depuis des années – mais elle ne le fait qu’en théorie. En pratique, l’idée d’introduire les coûts indirects (sociaux, sanitaires, environnementaux et économiques) dans les taxes ou les péages nationaux pour poids-lourds ne devient pas contraignante. La directive révisée la propose sur base volontaire seulement… c’est dire le peu de volonté politique des Etats-membres. De plus, tous ces coûts indirects ne sont pas pris en compte : seuls la pollution atmosphérique et les désagréments sonores sont inclus dans une directive assortie, en somme, de restrictions bien trop contraignantes pour déboucher sur des progrès significatifs.
Pour Jean-Paul Besset, membre de la commission parlementaire en charge des transports, on risque d’attendre longtemps encore le moindre effet sur le terrain de la nouvelle directive : « Coquille vidée de ses ambitions par les Etats-Membres, l’Eurovignette est une petite étape vers le principe pollueur-payeur, estime-il. Les nuisances du transport routier sont pourtant aujourd’hui subies et payées par l’ensemble de la société. La route est encore longue vers un avenir durable des transports. »