Tunisie : la voie démocratique arabe du Président Marzouki ovationnée au Parlement européen

6 février 2013
Mercredi 6 février 2013, le président tunisien Moncef Marzouki était au Parlement européen de Strasbourg. Dans l’hémicycle, il a décrit le long processus démocratique en cours dans son pays après la Révolution de Jasmin. Alors qu’une figure de l’opposition de gauche, Chokri Belaïd, est assassiné le matin même à Tunis, le Président alimente l’espoir que la justice et la fraternité s’installent durablement dans son pays après de longues années sous la dictature de Ben Ali. Retour sur un discours très émouvant.
S’exprimant après l’intervention de Moncef Marzouki (voir la vidéo ci-dessous), Hélène Flautre, eurodeputée EELV, membre de l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne, a estimé que :

« Le Président tunisien Moncef Marzouki a porté aujourd’hui la voix de l’aspiration démocratique ouverte par les révolutions arabes et celle d’un pays confronté à l’impatience sociale et à un espoir toujours vivace. S’il évoque avec lucidité les risques de déstabilisation comme le démontre l’odieux assassinat de Chokri Belaïd, sa détermination à porter un modèle socio-politique ancré dans les valeurs démocratiques et les droits de l’Homme est intacte.

A cet égard, il avertit l’Europe : crier au loup islamiste pour mieux retirer notre soutien au processus de démocratisation serait irresponsable. A l’inverse, l’Union européenne ne doit ménager aucun effort pour soutenir notre meilleur espoir dans la région. La Tunisie doit être une expérience convaincante sur laquelle tous les démocrates de la région pourront prendre appui afin de dessiner le nouveau de la Méditerranée. »

Eva Joly, eurodéputée EELV, Présidente de la commission Développement, ajoute :

« En Tunisie, le souffle révolutionnaire est en passe d’être éteint pas l’asphyxie financière. Le remboursement de la dette représente en effet chaque année, six fois le budget de la santé, trois fois celui de l’éducation, et six fois celui du développement régional. Pourtant en droit international, une dette contractée sous une dictature, non pour les besoins et dans les intérêts de l’État, mais pour fortifier un régime despotique, pour réprimer la population qui le combat, est qualifiée de dette odieuse.

La chute du régime de Ben Ali aurait donc dû entraîner sinon l’annulation immédiate de la dette de la Tunisie au moins un audit sur l’origine de ces créances. Les 7 milliards d’euros de dette imputables à la dictature, loin de servir à améliorer les conditions de vie des Tunisiens, ont sans nul doute permis et l’enrichissement du clan Ben Ali et la répression de la population. La responsabilité des créanciers qui ne pouvaient ignorer la destination de leurs prêts est grande. A eux aujourd’hui, de faire preuve de courage et d’annuler les dettes de la Tunisie pour que de la révolution naisse une démocratie solide. »


Moncef Marzouki au Parlement européen de… par EurodeputesEE

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Un commentaire

  • MAUREL PIERRE dit:
     - 

    Les verts sont beaucoup plus indulgents avec des gouvernements islamistes ( fussent ils  » modérés  » qu’ avec des gouvernements laics, parfois tyranniques ou autoritaires . Faut-il y voir un signe politique ? Marzouki gouverne avec Ennahda, dont la démagogie et le double langage se manifeste jour après jour , et il a théorisé ce parti comme étant proche de la  » démocratie chrétienne  » .
    De même, en Iran , les verts préfèrent un régime islamiste dit  » modéré « ( terminologie discutable ) , à une stratégie plus « laique » , qui susciterait les rumeurs les plus folles, selon ses détracteurs , mais qui parait plus  » démocratique  » pour ses partisans .
    La marche vers la démocratie est excessivement difficile, sinon une épopée interminable : on chasse une dictature, et on n’ est jamais certain de trouver mieux après . Reste le combat pour la liberté, qui reste inaliénable .

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