Visite chez un viticulteur : moins de pesticides pour une meilleure santé
Michèle Rivasi, membre de la commission Santé publique du Parlement européen, revient sur cette rencontre :
« Cancers, maladies cardio-vasculaires, obésité, diabète, problèmes de reproduction et respiratoires se multiplient en France : aujourd’hui, le cancer touche un homme sur deux et une femme sur trois ; il y a 350 000 nouveaux cas par an ! La meilleure manière de lutter contre ces maladies reste la prévention. Et cela ne s’applique pas qu’à l’agriculture même si dans ce secteur, l’influence des lobbies est très forte.
La diminution du nombre de maladies passera par une alimentation de qualité et de proximité. Il faut commencer cette prévention dès le plus jeune âge, en développant les cantines scolaires bio pour le plus grand nombre. La création de partenariats avec des agriculteurs locaux, stimulera l’emploi et la reconversion des exploitations, et rétablira le lien de confiance entre agriculteurs et consommateurs qui s’est fortement dégradé face au développement de la malbouffe. Du champ à l’assiette, notre alimentation a un impact sanitaire et écologique que nous devons combattre.
ll faut par ailleurs une médecine indépendante. Dans le cas de la médecine du travail, ce sont les employeurs qui payent les médecins. La prévention passe également par une moins grande consommation de médicaments. Les Français sont les plus grands utilisateurs d’antidépresseurs, c’est un indice d’un véritable mal-être. Le retour au niveau de consommation de médicaments de 2004 permettrait d’économiser plus de 3 milliards d’euros. En somme, l’explosion du budget de la sécurité sociale ne pourra être combattue que par la mise en place d’une véritable politique de prévention et de réduction des risques auxquels nous sommes exposés au quotidien. »
Le Grenelle des phytosanitaires
Le 26 octobre 2011, le ministère en charge de l’agriculture présentait un point d’étape du plan Ecophyto 2018 du Grenelle de l’Environnement. Europe Ecologie – Les Verts rappelle les faiblesses de ce plan visant à diviser par deux l’utilisation des pesticides avant 2018. Il s’agit en effet d’une formulation ambiguë, qui ne précise pas s’il s’agit de diviser le tonnage global ou celui de la matière active. Par ailleurs, d’après un rapport présenté par l’INRA, l’objectif de 50 % annoncé par le gouvernement impliquerait un changement de modèle agricole. Or ce n’est pas du tout le chemin qui est pris. L’agriculture conventionnelle est plus que jamais soutenue, tandis que la bio l’est beaucoup moins : les aides à la conversion existent, mais il y a peu d’aides pour l’accès au foncier, la formation, ou pour rendre les produits accessibles aux classes les moins favorisées.