Benoît Biteau sur la stratégie européenne sur les engrais
Jeudi 6 octobre, Benoît Biteau est intervenu sur la stratégie européenne sur les engrais.
Son intervention ⬇️
« L’essor de l’agriculture contemporaine a construit sa réussite sur trois piliers, la mécanisation, les pesticides et les engrais de synthèse, négligeant totalement les impacts de ces pratiques sur le climat, la biodiversité et la santé.
Les connaissances actuelles montrent à quel point ces pratiques sont pourtant extrêmement néfastes sur ces enjeux fondamentaux, mais aussi sur la fertilité des sols, pourtant garants d’une souveraineté alimentaire convoquant à la fois approche globale et vision à long terme.
La guerre en Ukraine exacerbe ce constat sur fond de spéculation sur les denrées alimentaires de première nécessité, mais aussi de flambée des cours de l’énergie, tant les prix de ces pesticides
et de ces engrais de synthèse sont intimement corrélés à ceux de l’énergie dont ils sont des dérivés directs.
Au constat de vulnérabilité de ce modèle, nous devons ajouter les difficultés économiques des agriculteurs, trop dépendants de ces intrants devenus rares et hors de prix, montrant aussi la dépendance de l’agriculture à Poutine et aux puissances détenant les ressources fossiles.
Nous nous devons donc, pour l’ensemble de ces raisons, sortir de ces dépendances, imaginer et bâtir
l’agriculture de l’après pétrole et retrouver les vertus d’une agriculture autonome dont le socle stratégique sera la fertilité des sols, basée, non plus, sur les dérivés du pétrole, mais sur les réponses robustes que propose l’agronomie.
C’est la raison pour laquelle les écologistes considèrent, à l’inverse des conservateurs, refusant de regarder en face la réalité de l’impasse de ces logiques d’un autre temps, qu’il est urgent
de ne surtout pas différer les objectifs et les ambitions et la trajectoire de la stratégie
de la Ferme à la fourchette, notamment sur l’usage des engrais, nécessaires bifurcations pour satisfaire les défis du climat, de la biodiversité, de la santé, mais aussi des revenus dignes pour les paysans et une souveraineté alimentaire durable.
Dans cette Europe bâtie pour garantir la paix, mes chers collègues, l’agroécologie, c’est aussi la paix.
Je vous remercie de votre attention. »
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