Des parlementaires du monde entier demandent un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins

Alors que la Conférence des Nations Unies sur les Océans a débuté lundi, Caroline Roose et Marie Toussaint (députées européennes) ainsi qu’un parlementaire du Vanuatu, Ralph Regenvanu, lancent, avec le soutien de l’organisation « Action mondiale des parlementaires » (Parliamentarians for Global Action), une Déclaration parlementaire mondiale pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins.

Suite à la demande officielle de la République de Nauru de commencer à exploiter les ressources des grands fonds marins, l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) cherche actuellement à accélérer l’élaboration d’un code minier qui pourrait être adopté dès juillet 2023.
Pourtant, la communauté scientifique avertit que l’exploitation minière des grands fonds marins sera susceptible d’entraîner une perte de la biodiversité, une perturbation du fonctionnement des écosystèmes et une accélération du changement climatique qui serait irréversible à l’échelle de plusieurs générations.
En d’autres termes, il ne reste plus qu’un an pour mettre un terme à cette course irrationnelle et protéger l’océan avant qu’il ne soit trop tard. C’est dans ce contexte que 57 parlementaires de 32 pays différents ont déjà signé la déclaration parlementaire et demandent à la communauté internationale d’adopter un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins.
La déclaration a été présentée mardi 28 juin à la conférence des Océans à Lisbonne, lors d’un évènement organisé par l’alliance des parlementaires du Pacifique sur l’exploitation minière dans les grands fonds marins. Elle s’ajoute aux appels de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), de certains gouvernements du Pacifique comme les Fidji, le Vanuatu, les Samoa et les Palaos ou encore aux demandes répétées du Parlement européen.

Réaction de Caroline Roose, députée européenne du groupe Verts/ALE, membre de la commission de la Pêche :

L’exploration minière des grands fonds marins est une aberration qui fait peser de graves menaces sur les océans au nom d’intérêts économiques court-termistes. Les scientifiques nous alertent que les effets sur la biodiversité marine et le climats seront graves et durables. Sans parler des impacts sur des secteurs traditionnels comme la pêche, essentiels pour la sécurité alimentaire de milliards de personnes. La mobilisation de parlementaires, de scientifiques, d’ONG et d’entreprises de toute la planète, du Pacifique jusqu’à l’Europe, montre que ce sujet est pris au sérieux : adoptons un moratoire sans plus attendre.« 

Réaction de Marie Toussaint, députée européenne du groupe Verts/ALE, membre de la commission de l’Environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire :

« Avec cette déclaration, nous exhortons les États du monde entier à agir pour protéger les grands fonds avant qu’il ne soit trop tard et à soutenir un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes. Si l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) publie effectivement la réglementation minière d’ici l’été 2023 et commence à délivrer des permis d’exploitation, cela ouvrirait les vannes, permettant aux entreprises et aux États de commencer à développer une nouvelle industrie minière à grande échelle… sous l’océan.
La France a déjà obtenu deux permis d’exploration de l’AIFM dans le Pacifique et entend exploiter les 9,5 millions de km2 d’eaux profondes de sa zone économique exclusive. Alors que le monde est confronté aux impacts du changement climatique, de la pollution massive et des écocides, la communauté internationale doit mettre un terme à cette course folle.« 

Réaction de Ralph Regenvanu, député au Parlement du Vanuatu

« Nous sommes ravi·e·s d’accueillir le lancement de l’Alliance des pays pour un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes cette semaine à la Conférence des Nations unis sur les océans (UNOC) et nous félicitons les pays qui ont rejoint cette Alliance. Cependant, beaucoup plus de pays doivent soutenir cet appel et les parlementaires de tous les pays ont un rôle crucial à jouer pour inciter leurs propres gouvernements à le faire. Grâce à la Déclaration parlementaire mondiale appelant à un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins, les parlementaires du monde entier sont unis pour demander à leurs États respectifs de soutenir le mouvement politique croissant en faveur d’un moratoire mondial sur l’exploitation minière des grands fonds marins.« 

– Lien vers la Déclaration parlementaire mondiale pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins : www.pgaction.org/fr/ilhr/oceans/call-for-moratorium-on-deep-seabed-mining.html

 

Photo : IFREMER (2011). Poisson évoluant dans un buisson de vers siboglinidés. Ifremer. https://image.ifremer.fr/data/00558/66997/

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