Filtrage des investissements étrangers : un premier pas vers une politique industrielle européenne
La Commission du commerce international s’est prononcée en faveur d’un mécanisme d’échange d’information sur le contrôle et l’autorisation par les États membres d’investissements directs étrangers. Les écologistes ont soutenu cette proposition malgré la faiblesse des outils proposés.
Pour Yannick JADOT : « Ce mécanisme est une avancée vers une diplomatie commerciale européenne commune. Si de nombreux États européens disposent de mécanismes de contrôle des investissements directs étrangers, et donc de la possibilité de refuser certains investissements, rien n’existe encore au niveau européen. Et ce alors que l’Union européenne est une cible privilégiée pour la Chine, notamment dans le cadre de son projet de « nouvelle route de la soie », comme pour la Russie ou d’autres : en 2016 selon le Rhodium Group et l’Institut Allemand Merics, l’UE aurait reçu 35 milliards d’euros d’investissements directs chinois ce qui correspond à une hausse de 77% par rapport aux niveaux de 2015. L’Europe de l’Ouest, Allemagne et France en tête, en étaient les premiers réceptacles.
Alors que les États européens comptent de plus en plus sur les investisseurs privés ou publics étrangers pour venir compenser la baisse des investissements publics dans des secteurs aussi stratégiques que l’énergie, l’eau, les médias, les infrastructures de transport, le numérique ou la défense, il est essentiel que l’Union se dote d’outils d’information et de coordination pour défendre sa souveraineté économique et politique.
Pour la première fois, nous avons également réussi à inclure dans une législation européenne que la violation des droits de l’homme par un état tiers peut être considérée comme un problème de sécurité national et d’ordre public, certaines technologies acquises par le biais d’investissements directs étrangers pouvant être mal-utilisées pour violer les droits humains dans le pays en question. »