Gwendoline Delbos-Corfield sur la protection des données
« Qu’avons-nous appris de l’arrêt Schrems ? La Commission étant prête à adopter, pour le Royaume-Uni, une décision d’adéquation trop rapidement, on pourrait penser que l’Union européenne n’a rien appris.
Mais nous devrions nous méfier.
Le bouclier de protection des données a été invalidé par la Cour européenne de justice à cause de la surveillance de masse pratiquée par le gouvernement américain. Grâce aux révélations d’Edward Snowden, en 2013, nous savons maintenant que le gouvernement britannique utilise des systèmes de surveillance de masse similaires. Il devrait être évident pour tout le monde que la surveillance de masse systématique est une menace pour nos droits fondamentaux.
Les citoyen·ne·s européen·ne·s ont le droit de ne pas être considéré·e·s comme des criminel·le·s, par défaut, par leurs gouvernements. Les citoyen·ne·s européen·ne·s ont le droit de protéger leurs informations personnelles et sensibles.
Dans la vie de tous les jours, serait-il acceptable qu’une personne vienne toquer à votre porte toutes les cinq minutes pour essayer de vous vendre quelque chose ou de vous faire faire quelque chose ? Un·e parfait·e inconnu·e qui saurait tout de vous, pas seulement où vous êtes allé·e, ce que vous avez fait, qui vous avez vu, qui est de votre famille, mais des choses très intimes, vos goûts, vos habitudes, vos désirs, vos frustrations, vos rêves, vos colères, vos joies.
Il semblerait que certains lobbys, et peut-être même certain·e·s membres de la Commission, veuillent négocier ces droits fondamentaux. Et ça n’est ni dans l’intérêt des citoyen·ne·s ni dans celui des entreprises. Parce que, pour faire des affaires, il faut de bonnes règles démocratiques. Et de la stabilité. Et de la confiance.
Nous sommes depuis trop longtemps dans une incertitude juridique. Il y a eu plusieurs tentatives de donner la priorité à une circulation des données dangereuse depuis trop longtemps. D’abord avec les États-Unis, maintenant, avec le Royaume-Uni, mais, bientôt, avec des pays tiers avec lesquels le gouvernement britannique commercera, qui ne respectent aucune de nos règles et qui acceptent de partager leurs données sans règle.
Il y a un risque sérieux que nous partagions les données personnelles des citoyen·ne·s européen·ne·s partout dans le monde, même avec des pays autoritaires. »
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