Impact sanitaire et environnemental de la 5G : « Grâce aux études demandées par le Parlement européen, nous en savons assez pour agir ! »
Le Parlement européen présente aujourd’hui les conclusions de deux études bibliographiques sur l’impact environnemental et sanitaire de la 5G. Elles ont été demandées par le Panel pour l’avenir de la science et de la technologie (STOA) et gérées par l’Unité de prospective scientifique du Parlement européen. Michèle Rivasi, membre du Panel STOA et l’un des deux eurodéputés à l’initiative de la demande de ces études, commente leurs résultats.
« Je voudrais d’abord rappeler que la réalisation de ces études demandées par le Parlement européen est d’abord la conséquence directe du refus de la Commission européenne de produire des études d’impact fiables et correctes. La Commission n’a rien fait et est en infraction avec la législation européenne en vigueur.* Le déni dont elle fait preuve et sa tendance à toujours vouloir faire le jeu de l’industrie nuisent à l’intérêt général et à la confiance des citoyens européens dans leurs institutions. C’est pourquoi le panel STOA du Parlement européen a approuvé ma demande et celle de mon collègue bulgare, Ivo Hristov, de réaliser ces deux études, afin que nous puissions avoir des éléments de réponse aux questions légitimes que nous nous posons tous sur la 5G. »
Aucune étude adéquate pour certaines fréquences
« Les études dévoilées aujourd’hui sur l’impact sanitaire et l’impact environnemental de la 5G soulignent les très grandes incertitudes qui accompagnent la volonté de lancer la 5G à tout prix. Tout d’abord, il est faux de dire que les études montrent qu’il n’y a aucun risque. Il faudrait plutôt dire qu’elles n’ont pas été effectuées ou sont inadaptées. De plus, lorsque ces recherches existent et qu’elles sont recevables – même peu nombreuses – les articles publiés démontrent des effets biologiques préoccupants et qu’il est déloyal et malhonnête de vouloir les ignorer.
Les deux études sur la 5G publiées par le Parlement européen ne sont pas les seules à constater ces inconnues sanitaires. Que dit par exemple le rapport d’expertise de L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur la 5G ? « Qu’il est souhaitable que le déploiement de technologies nouvelles soit soutenu par la réalisation d’études ou un recueil documenté de la littérature des liens entre exposition et impacts sanitaires préalablement à leur déploiement. »**
Des effets déjà avérés, notamment cancérigènes
« L’étude sur l’impact environnemental de la 5G témoigne d’abord de notre méconnaissance globale de l’impact de la téléphonie mobile sur la faune et la flore. La littérature scientifique existante, bien qu’incomplète, nous apprend d’ores et déjà que l’arrivée de la 5G va modifier l’exposition de l’environnement et qu’un échauffement peut se produire pour toutes ses fréquences présentes et à venir chez tous les organismes étudiés. D’autres effets non thermiques ont aussi été mis évidence, et même si d’autres études sont à prévoir, les premiers signaux observés sont préoccupants.
La cancérogénicité des ondes de la téléphonie mobile est désormais établie, ainsi que les effets sur la reproduction et le développement, avec des preuves suffisantes pour agir. Il s’agit en priorité de diminuer l’exposition du public, en limitant par exemple les seuils d’exposition à 6 V/m, tel que le préconise le rapport STOA sur l’impact sanitaire de la 5G, en accord avec le principe de précaution et avec les valeurs limites pratiquées en Suisse, en Italie mais aussi à Bruxelles et à Paris. »
Privilégier la fibre optique pour moins rayonner
« Dans ces conditions, le déploiement à marche forcée de la 5G, comme l’impose actuellement la Commission européenne, est inapproprié sans stratégie d’accompagnement et de diminution de l’exposition du public. Profitons par exemple des plans de soutien aux câbles et à la fibre optique – des technologies plus rapides et plus sécurisées déjà partiellement installées – pour promouvoir une « Europe du Gigabit » qui diminue les risques de l’exposition aux radiofréquences et qui réduira aussi la fracture numérique en reliant les zones rurales aux réseaux filaires existants.
Nous devons aussi adopter des téléphones qui rayonnent moins, ou mieux, afin de diminuer l’exposition de chacun d’entre nous, notamment des plus fragiles et des plus exposés. Nous devons être plus sages et plus intelligents que l’industrie des télécoms, qui a pour seul objectif l’augmentation du trafic et de la rentabilité de ses réseaux à travers la collecte et la transmission de données. »
Les recommandations de l’ICNIRP faussées par les industriels
« Les autorités nationales peuvent, bien sûr, ne rien faire, attendre que les institutions internationales soient unanimes, ou encore se réfugier derrière les limites permissives et biaisées recommandées par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP), écrites, rappelons-le, main dans la main avec l’industrie des télécoms.***
Le déni du danger n’a jamais été une solution à long terme. Ces études nous donnent des chemins pour limiter les dommages. La 5G ouvre des risques inédits. Appuyons-nous sur les recommandations faites au Parlement européen pour éviter ces risques avant de constater les dégâts.
31 mai 2021 : STOA Event : « Presentation of the studies: ‘Health impact of 5G’ and ‘Environmental impacts of 5G’ » interpretation in EN, FR, IT, BG and ES : https://cutt.ly/RndI0ce
Etude STOA : « Impacts environnementaux de la 5G », version de travail non finalisée
Etude STOA : « Impact de la 5g sur la santé », version de travail non finalisée
BRIEFING-presse_STOA_5G_MicheleRivasi_31_Mai_2021_FR-2
Notes et Compléments
* « Impact sur la santé de la 5G : La Commission veut développer la 5G sans rien savoir de son impact sur la santé ! » Communiqué de presse de Michele Rivasi, 4 avril 2019 http://bit.ly/Rivasi_Impact_5G
Les commentaires sont fermés.