La France sabote-t-elle la politique climatique européenne ?
Alors que l’Union européenne est en train de définir ses objectifs pour 2030 en matière de réduction des émissions de gaz à effet, de développement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, la France est prise en flagrant délit de double-jeu : ambitieuse dans les discours, terriblement conservatrice dans les actes.
Un document de position sur la gouvernance énergétique de l’UE, communiqué au Conseil européen, le confirme : le gouvernement français veut limiter au maximum l’objectif sur les renouvelables, et réduire à peau de chagrin la coordination européenne des politiques climatiques et énergétiques nationales.
Pour Yannick JADOT, député européen et porte-parole du groupe Verts sur le climat : « C’est peu dire que les discours d’Emmanuel Macron sur le climat à l’ONU et sur l’Europe à la Sorbonne n’inspirent pas les positions françaises défendues en Conseil européen.
Le gouvernement poursuit une stratégie de démolition des ambitions européennes en matière d’énergies renouvelables, au nom de la défense acharnée d’une industrie nucléaire aujourd’hui en faillite. La France n’a pas seulement accumulé un retard inacceptable sur son objectif 2020 de 23% d’énergies renouvelables qu’elle n’atteindra probablement pas. Elle soutient maintenant un objectif européen médiocre de 27% d’ici 2030, non contraignant et sans déclinaison nationale ! Et propose d’atteindre la moitié des objectifs 2020-2030 en 7 ans, ce qui laisserait 3 ans pour accomplir le reste : irréalisable !
Comment expliquer qu’un gouvernement qui se prétend pro-climat se bat plus en catimini à Bruxelles pour ralentir les renouvelables qu’à Paris pour rattraper son retard ? Cette position est irresponsable car elle va avoir aussi pour conséquence dramatique de prolonger le charbon en Europe.
Autre élément de la note française : alors que l’Accord de Paris vise notamment à organiser un suivi strict des efforts climatiques nationaux, la France défend au niveau européen un nationalisme dépassé, combattant les initiatives d’une coordination européenne ambitieuse des politiques climatiques et énergétiques nationales.
Le sabotage par la France des ambitions climatiques et énergétiques européennes fait le bonheur des pays les plus opposés à toute action climatique, la Pologne du charbon en tête.
La question s’impose : Emmanuel Macron et son gouvernement ne sont-ils pas en train de mettre en place au niveau européen les conditions d’un échec de la transition énergétique de la France, avec pour seul objectif le statu quo nucléaire, au détriment du climat ? C’est en tout cas totalement irresponsable !»
Un commentaire
Un exemple de « sabotage par la France des ambitions climatiques et énergétiques européennes » : le projet de financement par l’Etat français d’une usine électrique à gaz de 450Mw à Landivisiau à raison de 40 millions d’euros par an pendant 20 ans reconductible.
http://www.landerneau-ecologie.org/?p=2518