Le Brésil en passe de légaliser la déforestation de l’Amazonie
L’Union européenne doit dire non à l’accord UE-Mercosur.
Selon une récente étude (en anglais), l’Amazonie brésilienne a rejeté 20 % de CO2 de plus qu’elle n’en a capturé au cours des dix dernières années. La forêt amazonienne est donc désormais une source d’émissions de CO2, ce qui la conduit progressivement vers un point de non-retour où elle ne pourra plus se régénérer. Il a de plus, été prouvé que la déforestation de l’Amazonie augmente le risque d’émergence de zoonoses (en anglais) susceptibles de se transformer en pandémie mondiale. Dans ce contexte très inquiétant, le Sénat brésilien a annoncé la semaine dernière qu’il voterait le projet de loi PL 510/2021, plus connu sous le nom de « projet de loi sur l’accaparement des terres ».
Le projet de loi accorderait effectivement une immunité aux exploitants de terres publiques et leur permettrait de recevoir le titre de propriété des terres qu’ils ont illégalement déboisées. Ce projet a immédiatement suscité une levée de boucliers de la part de la société civile et des organisations environnementales du monde entier. Et ce, à juste titre, car ce projet de loi encouragerait essentiellement la déforestation illégale et exacerberait les conflits territoriaux existants (en anglais) entre le secteur agricole et les peuples autochtones, ce qui en fait un projet de loi de portée mondiale. En raison de la réaction du grand public à cette annonce, le Sénat brésilien a reporté le vote. Bien qu’il s’agisse d’un petit pas dans la bonne direction, pour l’instant, il convient de rester vigilant, car le projet de loi pourrait être remis à l’ordre du jour à tout moment et dans un délai très court. Il est à craindre que ce projet de loi ne soit pas le seul actuellement examiné par le Congrès brésilien. Pourtant, la déforestation croissante de la forêt amazonienne est un enjeu planétaire.
L’Union européenne semble bien consciente du rôle que joue la forêt amazonienne pour le bien de la planète et des populations et est sur le point de présenter des plans et actions concrètes pour passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne la déforestation provoquée par l’Union européenne. Il est donc difficile de croire que la Commission européenne et de nombreux États membres continuent d’insister sur la ratification de l’accord commercial UE-Mercosur. Un accord commercial qui multipliera les importations agricoles moins chères de pays d’Amérique du Sud comme le Brésil vers l’Union européenne. Un accord commercial dont on estime qu’il entraînera une augmentation de 25 % de la déforestation dans la région du Mercosur. Et un accord avec de bien faibles dispositions sur l’environnement et le climat et vide de toute sanction en cas de non-respect de ces dispositions.
À l’heure où l’Amazonie se rapproche rapidement de son « point de basculement », alors qu’en parallèle le gouvernement brésilien démantèle les politiques de protection de l’environnement à une vitesse record, l’accord commercial UE-Mercosur doit être abandonné immédiatement. Des déclarations ou des protocoles additionnels ne contenant que des vœux pieux en matière de déforestation ne suffiront tout simplement pas à rendre l’accord acceptable. L’Union européenne a la responsabilité de rouvrir les négociations afin de remédier aux graves lacunes de l’accord et d’indiquer clairement qu’aucune préférence tarifaire ne peut être accordée tant que le gouvernement brésilien ne s’impliquera pas pour la protection active de la forêt amazonienne. D’ici là, nous, groupe Verts/ALE au Parlement européen, continuerons à nous opposer à cet accord commercial et à demander à la Commission et aux États membres de revoir leurs priorités.
Quel sera l’impact de l’accord commercial UE-Mercosur sur les peuples et la planète ? Que faire pour stopper l’accord avec le Mercosur ?
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