Le Parlement refuse de légaliser la surpêche

16 janvier 2024

Le Parlement européen a débouté aujourd’hui la Commission et le Conseil dans leur intention de supprimer des garanties essentielles des règlements existants empêchant l’effondrement des stocks de poissons de l’Union européen.

 

Le Conseil vient donc d’échouer dans sa tentative d’évincer le Parlement en invoquant une procédure d’urgence. Le texte doit à présent être soumis aux député·e·s de la commission de la pêche.

Déclaration de Caroline Roose, membre de la commission de la pêche, chargée du dossier sur le plan d’action pour protéger et à restaurer les écosystèmes marins pour une pêche durable et résiliente : :

« Alors que l’Union européenne s’était engagée à mettre fin à la surpêche dès 2020, sans pour autant y parvenir, la Commission européenne, sous la pression des États membres, a proposé de modifier la règlementation en vigueur pour légaliser la surexploitation des stocks de poissons. Et ce, en dépit des mises en garde de la communauté des scientifiques.
Nous sommes donc satisfait·e·s d’avoir réussi à stopper cette initiative néfaste pour les milieux marins et les pêcheuses et les pêcheurs.

Ce jeudi 18 janvier, le Parlement adoptera également son rapport sur le plan d’action de l’Union européenne visant à protéger et à restaurer les écosystèmes marins pour une pêche durable et résiliente.
Le plan d’action a été présenté par la Commission en février 2023. Il se fonde sur les obligations des règlements et directives existants sans pour autant créer de nouvelles obligations pour les États ou les pêcheurs. Il s’agit d’une composante importante de la stratégie sur la biodiversité, et donc du Pacte vert, proposant une transition vers une gestion durable de la pêche et une meilleure protection de l’environnement marin.

Alors que le plan d’action de la Commission européenne pour la biodiversité marine propose des mesures nécessaires pour la pérennité des écosystèmes marins et des activités de pêche dans l’Union européenne, le rapport du Parlement européen en réponse à celui-ci est en décalage complet avec la réalité de la dégradation des écosystèmes marins en Europe et avec l’état des connaissances scientifiques. Le projet de rapport ignore notamment l’énorme impact du chalutage du fond sur les écosystèmes marins et s’oppose à l’interdiction progressive, planifiée et accompagnée, du chalutage de fond dans les aires marines protégées.
Dans la lignée des événements relatifs à la loi sur la Restauration de la nature ou celle sur la Réduction des pesticides, le PPE, soutenu ici par la majorité des groupes politiques du Parlement, s’est avant tout préoccupé de son sort aux élections européennes en optant pour une stratégie de soutien des grosses industries de la pêche. Ce calcul stratégique est, non seulement, catastrophique pour la biodiversité marine et notre sécurité alimentaire, mais il omet également les bénéfices environnementaux et socio-économiques objectifs que représentent des aires marines efficacement protégées. »

Pour aller plus loin, lire l’article de Caroline Roose, Sans nature, pas de poisson.

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