Le « plan loup » doit s’accompagner d’un « plan pastoralisme »
Le nouveau « Plan national d’actions sur le loup et les activités d’élevage 2024 – 2029 » annoncé par le gouvernement a fortement fait réagir les intéressé·es. Personne n’est content, ni les représentant·es des éleveurs et éleveuses ni les associations environnementales et nous les comprenons.
Aucun bilan n’a été effectué du précédent « plan loup » et les mêmes recettes sont proposées en espérant un résultat différent. Les moyens pour la recherche sur le prédateur restent faméliques et les financements dédiés à la protection des éleveurs et éleveuses largement insuffisants. Le statut des chiens de troupeau demeure incertain et aucune nouvelle brigade de louvetiers n’est prévue alors qu’il en faudrait a minima une par massif montagneux, mais aussi sur les fronts de colonisation pour ne pas répéter les erreurs commises dans les Alpes.
Le seul sujet pour le gouvernement demeure les conditions de tir, ainsi qu’une hypothétique et dangereuse révision du statut d’espèce protégée définie par la Convention de Berne. Il s’agit là d’une vision totalement étriquée d’un sujet beaucoup plus vaste.
L’expansion du loup va se poursuivre. C’est un défi à n’en point douter, mais c’est aussi une opportunité pour l’équilibre des écosystèmes forestiers menacés, entre autres, par les surpopulations de cervidés. Éradiquer le loup est, de toute façon, un miroir aux alouettes : l’animal a la faculté de s’adapter aux menaces et armer chaque éleveuse et chaque éleveur n’est en rien une perspective souhaitable. L’enjeu doit être tourné vers la protection des troupeaux d’ovins comme de bovins, l’accompagnement humain et financier, le renforcement des moyens de l’Office français de la biodiversité (OFB) tant pour protéger les troupeaux qu’accroître notre connaissance de l’espèce.
Plus largement, le retour des grands prédateurs est venu exacerber de nombreuses difficultés du pastoralisme que ce plan ne commence même pas à envisager : crise des vocations, difficulté d’installation, rémunération parfois insuffisante, calcul incohérent des subventions de la Politique agricole commune (PAC), impact délétère des traités de libre-échange, conditions de vie en alpage, partage de la montagne avec d’autres activités, gestions des ressources naturelles notamment de l’eau, etc.
Les écologistes considèrent que l’exercice tel qu’il est conduit par le gouvernement n’a, même avec toute la bonne volonté du monde, aucune chance d’aboutir sur des solutions pérennes permettant la préservation du loup et la sauvegarde du pastoralisme. C’est d’une ambition nouvelle dont la France doit se doter pour préserver son modèle pastoral : le « plan loup » doit s’accompagner d’un « plan pastoralisme ».
Caroline Roose, eurodéputée
Marie Pochon, députée la Drôme
Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère
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