Les passagers ne sont pas des variables d’ajustement
En plein scandale des vols annulés de Ryanair et au moment où la Commission européenne présente une mise à jour des règles européennes sur les droits des voyageurs ferroviaires se pose la question de la place des consommateurs dans le business-modèle des opérateurs de transports de passagers.
La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a annoncé l’annulation de 2000 vols d’ici le 28 octobre. Près de 400 000 passagers sont touchés. La facture des dédommagements d’usagers liée à ces annulations pourrait s’élever à 30 millions d’euros, soit 3% des bénéfices de Ryanair en 2016*. Si des problèmes de plannings et la difficulté pour les pilotes de prendre leurs congés payés sont invoqués, la compagnie aérienne paye le prix d’un modèle social basé sur le dumping, la fraude sociale et la dépendance aux subventions des aéroports régionaux (soit une forme d’aide d’État dissimulée). C’est également l’illustration que quand un modèle fonctionne sans respecter le droit du travail, au final, ce sont les consommateurs qui trinquent. Les écologistes vont donc demander à la Commission européenne d’agir puisque nous avons obtenu que ce sujet soit débattu en session plénière mardi 3 octobre.
Ce scandale doit faire prendre conscience de l’importance de mieux protéger en Europe les usagers en cas de retard, d’annulation mais aussi de discrimination. Karima DELLI Présidente écologiste de la Commission Transports du Parlement européen insiste sur le fait que : « la protection des droits des passagers doit être une priorité. C’est le rôle des institutions européennes de réagir face au mépris total des droits des consommateurs. La Commission ne va pas assez loin en exigeant le respect des droits des passagers. Il faut revoir le règlement de 2004, renforcer les droits des passagers en instaurant des sanctions systématiques et des amendes dissuasives ». Cet épisode met aussi en évidence les limites du modèle low cost qui n’est pas vertueux ni pour la planète, ni pour les salariés du secteur, ni pour les consommateurs. Pour la députée européenne, « il est grand temps que l’Union européenne en prenne conscience et cesse d’encourager le low cost, le dumping social qui en découle et les subventions dont il bénéficie ».
D’ailleurs la Commission européenne a pris cette semaine l’initiative d’agir pour la protection des voyageurs ferroviaires. Une initiative saluée par les écologistes européens malgré la proposition d’une clause « cas de force majeure » qui pourrait être utilisée par les opérateurs pour se soustraire à l’obligation d’indemnisation des passagers.. Actuellement, seulement quatre pays appliquent pleinement les règles de l’UE, ce qui porte gravement atteinte aux droits des passagers en Europe. Nous attendons néanmoins de la Commission qu’elle aille plus loin en ce qui concerne l’inter-modalité. Et Karima DELLI ajoute « puisque nous sommes nombreux et nombreuses en Europe à combiner les modes de transport, nous amenderons également les règles pour obtenir des équipements permettant d’embarquer des vélos à bord des trains ».