Loi Climat européenne : à Bruxelles comme à Paris, Macron champion des renoncements

15 avril 2021

Alors que la loi climat discutée en France ne devrait manifestement pas permettre de tenir l’objectif de 40% de réduction d’émissions de gaz à effet de serre prévu par la loi, la France retourne sa veste au niveau européen et se pose en défenseure de l’inaction climatique.

Demain, la loi climat européenne est au menu du Comité des représentants permanents (COREPER) de l’Union européenne, l’organe qui prépare les positions du Conseil européen. Il devra décider de la position des États membres de l’Union en amont du prochain trilogue de négociations entre les trois institutions européennes : Commission, Conseil et Parlement européen, prévu le 20/21 avril prochain.

Après s’être exprimée publiquement en faveur d’une hausse des objectifs climatiques de l’Union européenne à au moins 55% de réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, la France demande aujourd’hui l’arrêt des négociations afin d’adopter au plus vite, et au rabais, la Loi Climat européenne. Une prise de position d’autant plus grave que c’est  en réalité un objectif de -52,8% qui est aujourd’hui sur la table, par un jeu comptable proposant un objectif “net”, incluant les émissions négatives(1). Ce faisant, la France donne un accord tacite aux pays les plus récalcitrants dans la lutte contre le dérèglement climatique, comme la Pologne ou la Hongrie. En achevant précipitamment les négociations sur la loi climat, à défaut de son contenu, le président s’assure un coup de communication en amont du sommet de la Terre, le 22 avril.

L’épisode révèle le double-jeu de LREM sur le climat. Car du côté du Parlement aussi, les eurodéputé·e·s de la majorité tournent casaque. Après avoir soutenu et voté en faveur de la position du Parlement européen en septembre dernier, réclamant une réduction d’émissions de 60% d’ici 2030, Pascal Canfin, en charge de la loi climat pour les eurodéputé·e·s LREM, revient sur ses engagements et réclame à son tour l’arrêt des négociations.

Il faut rappeler que, selon les scientifiques, il faudrait au moins 65% de réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 pour que l’Union européenne tienne ses engagements issus de l’Accord de Paris ; une position soutenue par le groupe Verts/ALE dans l’hémicycle.

Cette position française n’a finalement rien de surprenant : elle venait de tourner casaque sur l’inclusion du gaz dans la taxonomie européenne, afin de défendre son industrie nucléaire. Elle est là, la réalité de l’engagement climatique d’Emmanuel Macron et de ses représentant·e· : ne pas faire avancer la cause du climat, mais trouver des allié·e·s pro-nucléaire parmi les opposant·e·s à la politique climatique, et ce, “quoi qu’il en coûte”, même au détriment de l’urgente sortie du gaz fossile.

Alors que la mobilisation grandit en France contre une « demi loi climat », ce gouvernement est bel et bien le “champion” de l’inaction climatique.

 

(1) Un objectif net signifie que l’on accepte de compter des émissions dites “négatives” : absorption par les puits de carbone, CCS etc : cela fausse la comptabilité réelle des émissions de gaz à effet de serre, et n’incite pas réduire à la source les émissions

Partager cet article

Les commentaires sont fermés.