Mercosur : La Commission européenne souffle sur les braises
Cette semaine, dans le cadre de la Commission de l’agriculture du Parlement européen, la Commission européenne est venue vanter les bénéfices supposés de l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Au final l‘Union européenne devra laisser entrer sur son territoire 99 000 tonnes de viande de bœuf, 180 000 tonnes de poulet et 190 000 tonnes de sucre. Benoit BITEAU a rappelé que beaucoup des paysans européens ont déjà bien du mal à boucler les fins de mois. L’arrivée de ces produits, qui ne respectent pas nos normes de production, finira par leur casser les reins.
Cet accord est loin d’être finalisé. Il devra être ratifié par le Parlement européen, le Conseil européen puis les États Membres. Autant d’étapes, où tout doit être mis en œuvre pour qu’il ne voit pas le jour.
Pour Benoit BITEAU, membre de la Commission de l’agriculture du Parlement européen :
« Une nouvelle fois, ce sont les paysans qui doivent payer la note pour les autres secteurs économiques bénéficiaires, en particulier l’industrie et les services. Ces concessions sont inacceptables et nous éloignent un peu plus de la souveraineté alimentaire.
Nous ne pouvons pas continuer dans cette logique aberrante ou nous mangeons du bœuf en provenance de la pampa argentine, et nous envoyons au Japon la viande que nous produisons dans le massif central. Il ne s’agit plus de commerce, où des pays échangeaient des produits qu’ils ne produisaient pas eux-mêmes (la soie, le thé, le café, le vin, les fromages). Nous sommes aujourd’hui face à un flux d’échanges de millions de tonnes de produits, brinquebalés d’un bout à l’autre de la planète. La seule raison d’être de ces accords est d’augmenter les profits des entreprises.
L’arrivée de Bolsonaro à la tête de l’état brésilien, et les premières mesures qu’il a prises, devraient suffire pour que nous stoppions immédiatement ces négociations. Comment peut-on croire une seule seconde qu’il respectera l’Accord de Paris sur le climat alors qu’il incite à la déforestation de l’Amazonie ?
Emmanuel Macron pointe du doigt, à juste titre les mauvais élèves comme Bolsonaro. L’Amazonie brûle car les élevages européens hors-sols, comme la ferme des « Mille vaches », dépendent du soja du Brésil et des États-Unis. Si nous ne changeons pas radicalement la Politique Agricole Commune, si nous faisons pas tout pour développer l’agriculture biologique et l’agro-foresterie, et si nous continuons à dépendre de protéines végétales qui viennent de l’autre bout de la terre alors nous n’auront rien fait pour lutter contre le réchauffement climatique.
Ce ne sont pas les discours du Président Macron qui me convaincront. Ce seront ses actes. Et pour l’instant côté agricole, je ne vois rien venir. »