Pourquoi Caroline Roose s’est abstenue lors du vote du rapport sur le climat et les populations vulnérables
Hier, le Parlement européen a rejeté le rapport d’initiative « sur l’impact du changement climatique sur les populations vulnérables des pays en développement » dont j’étais la cheffe de file pour le groupe des Verts. 255 député·e·s ont voté pour, 260 contre et 170 se sont abstenu·e·s. Les Verts/ALE ont choisi de s’abstenir au vu des amendements sur la migration qui ont été adoptés.
Si le rapport voté en commission contenait de bons éléments, il contenait également des faiblesses, notamment en termes de cohérence des politiques pour le développement (notamment, aucune demande concrète sur les accords commerciaux comme l’accord UE-Mercosur ni de mention de la lutte contre la criminalité environnementale). Nous voulions une approche holistique sur le climat, à travers le prisme de la cohérence des politiques de développement dans différentes politiques sectorielles clés de l’Union européenne, dont le commerce, la politique agricole, énergétique, etc. en vue de proposer des mesures concrètes, pour aider les populations vulnérables dans les pays en développement, y compris les peuples autochtones, la petite paysannerie, les communautés de pêche, etc. qui subissent de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique. Or le point focal du rapport a principalement tourné autour des réfugié·e·s climatiques et ce volet a subi d’importants affaiblissements en plénière.
Des député·e·s conservateurs/trices du groupe PPE ont introduit des amendements problématiques en plénière sur les aspects liés à la migration, visant à supprimer des demandes-clés sur les personnes déplacées par le climat. Lors de la première session de vote, trois amendements, en particulier, sont passés et ont vidé le texte d’une partie de sa substance (en particulier des éléments que nous avions obtenu dans l’avis de la commission des Libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), dont ma collègue Saskia Bricmont était rapportrice).
En particulier, les amendements 7, 13 et 18 ont été adoptés, supprimant les principes suivants :
1) la reconnaissance de la migration liée au climat comme base légale pour demander l’asile ;
2) la destruction des moyens de subsistance due au changement climatique devrait être un critère d’éligibilité pour la protection humanitaire.
L’amendement 18 supprimait la demande d’octroi de l’asile ainsi que la création de canaux de migration sûre et régulière pour les personnes déplacées par le climat. Ces amendements ont été soutenus par une grande partie du groupe Renaissance ce qui a rendu leur adoption possible.
J’ai considéré que le texte était trop affaibli par ces amendements pour voter en faveur car la protection des personnes déplacées par le climat est une priorité pour notre groupe et parce que certains des amendements déposés par le PPE constituaient une ligne rouge sur ce sujet, a fortiori dans le contexte d’un rapport d’initiative, dont l’enjeu est de délivrer un message politique fort. Notre groupe a donc décidé de s’abstenir.
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