Réduction des pesticides en France : un échec qui doit servir d’électrochoc en France comme en Europe
Mon communiqué alors qu’une étude de la Fondation Nicolas Hulot documente l’échec français dans la stratégie de réduction de l’usage des pesticides. En cause principalement, la quasi-absence de moyens dédiés à cette évolution malgré les grands discours des dirigeants successifs. Il y a urgence à inverser la tendance.
Réaction de Claude GRUFFAT, membre de la Commission des Affaires agricoles du Parlement européen et ancien Président de Biocoop :
« Le projet actuel de réforme de la Politique Agricole Commune européenne ne va pas stopper les dérives pointées par le rapport de la FNH. En effet, la nouvelle PAC conforte le modèle agricole dominant qui pousse les exploitants dans une course aux rendements mortifère pour les écosystèmes et le social.
Cette nouvelle PAC n’impose par ailleurs qu’un minimum de contraintes aux États, qui conservent la possibilité, dans les déclinaisons nationales, de se contenter de mesures d’affichage sans évolution réelle des pratiques. Comment, dans de telles conditions, atteindre l’objectif affiché par l’UE dans sa stratégie Farm2Fork d’une réduction de -50% à l’horizon 2030 ?
Il y a plus qu’urgence à faire tomber les masques et à cesser les doubles-discours : la sortie des pesticides doit redevenir une priorité dans les mots mais surtout dans les moyens alloués. La France peut le faire en pesant pour une refonte du projet actuel de Politique Agricole Commune avant qu’il ne soit gravé dans le marbre. Elle a aussi la responsabilité d’orienter les fonds qu’elle a en gestion via son plan stratégique national, pour stimuler la transition à très grande échelle et, sur un temps court, se muer de championne des mots creux en championne de la transition agricole. Les territoires et les écosystèmes le lui rendront bien. »
CONTEXTE
Alors que le dispositif EcoPhyto lancé en 2009 devait occasionner une réduction de 50% de l’usage des pesticides à l’horizon 2025, le constat dressé par la FNH est sans appel. On est sur une hausse de 25% en 10 ans. Sur 23,2 milliards d’euros de fonds publics perçus annuellement par les acteurs de l’alimentation, seul 1% a un effet avéré sur la réduction des pesticides.
Pire, cette absence de moyens se double d’une stratégie particulièrement cynique de l’État français qui exhorte publiquement les paysan.ne.s à s’engager dans la transition vers l’utilisation minimale de produits phytopharmaceutiques et la bio sans jamais mettre en face d’incitations financières à la hauteur. Cette attitude place les professionnel.le.s de l’agriculture dans une position inadmissible de boucs émissaires, soi-disant responsables de la lenteur de mise en place d’un nouveau modèle agricole et alimentaire pourtant attendu par les citoyen.ne.s et les consommateurs.trices.
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