Sécurité énergétique
La guerre de Poutine montre que l’indépendance énergétique est vitale pour l’Union européenne qui doit faire des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique ses priorités.
La Commission européenne a publié le 8 mars sa communication intitulée « Action européenne commune pour une énergie plus abordable, plus sûre et plus durable ». Le Parlement européen débattra ce mardi de la question de la montée des prix de l’énergie et de la manipulation du marché du gaz.
Déclaration de Marie Toussaint, vice-présidente du groupe Verts-ALE, membre de la Commission de l’Industrie, de la recherche et de l’énergie (ITRE) :
« La guerre est aux portes de l’Europe. Parce que nous n’avons pas assez agi pour sortir de notre dépendance au gaz et notamment au gaz russe. Nous sommes aujourd’hui en difficulté pour actionner tous les leviers nécessaires au maintien de la paix, ainsi qu’à la protection du climat.
Comme l’a montré le dernier rapport du GIEC, le dérèglement climatique entraînera lui-même de très nombreux conflits et tensions dans les années à venir. Agir pour le climat, c’est agir pour la paix ; et nous en sommes encore loin ainsi que le montre l’acte délégué taxonomie proposé par la Commission européenne contre lequel nous ne cesserons de nous battre. Le gaz n’a jamais été et ne sera jamais une énergie de transition.
À travers sa communication sur l’énergie et ses prix en hausse publiée ce jour, la Commission européenne propose un panachage de solutions incluant le gaz et omet d’insister sur l’efficacité énergétique, sans laquelle aucun de nos objectifs climatiques ne peut être tenu. La science est pourtant claire, la guerre nous le rappelle violemment : la baisse de notre consommation énergétique est une condition sine qua non pour le climat et la paix. Ces mots bien faibles déçoivent, ce sont des politiques et des investissements concrets dont nous avons impérativement et urgemment besoin.
Construire la paix, c’est sortir dès maintenant de notre dépendance au gaz, d’où qu’il vienne, et en priorité de Russie. À court terme, nous pouvons utiliser les dispositifs de délestage et d’interruptibilité, permettant aux industries consommatrices de réduire leur consommation de gaz très rapidement. Par ailleurs, des solutions alternatives au gaz existent pour remplacer plus de la moitié de la consommation de gaz dans l’industrie ; et il est aussi possible de taxer les superprofits des énergéticiens, afin d’accompagner les ménages.
C’est dans ce contexte que l’Union européenne s’apprête à adopter sa liste de projets énergétiques dits « prioritaires », la “Projects of Common Interest (PCI) list” ou “Liste de Projets d’intérêt commun (PIC)”, qui rassemble des projets qui pourront ainsi bénéficier de financements européens et de procédures d’autorisation plus rapides. Parmi la liste, proposée par la Commission européenne, on trouve encore de nombreux projets gaziers, à rebours de tous les engagements et des déclarations actuelles.
Nous nous trompons si nous pensons que nous devons remplacer une dépendance énergétique par une autre. Le risque, aujourd’hui, est que pour pallier au gaz, au pétrole ou au charbon russes, l’Union déploie de nouveaux projets gaziers qui nous rendront dépendants d’autres régimes peu regardants des droits humains, sujets à des conflits et tensions sur leurs ressources et, dans tous les cas, climaticides. Pour sortir de sa dépendance énergétique à la Russie et construire une indépendance solidaire, l’Europe ne peut choisir qu’une voie : sobriété, efficacité, renouvelables. Pour le climat, pour la paix, pour la justice : sortons l’Europe des énergies fossiles, d’où qu’elles viennent. »
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