Les demandes des écologistes à la présidence portugaise

Depuis le 1er janvier, le Portugal a pris la présidence du Conseil de l’Union européenne. C’est une nouvelle occasion pour les écologistes de défendre une Europe plus verte et plus sociale, avec des politiques numériques qui respectent les droits humains et l’environnement.

 

Tous les six mois, un gouvernement de l’Union européenne différent est chargé de l’organisation du Conseil de l’Union européenne. Cela leur donne le pouvoir de fixer l’agenda et d’organiser les réunions du Conseil. Dans ce contexte, le groupe Verts/ALE au Parlement européen demande au gouvernement portugais de s’attaquer à un certain nombre de sujets que nous considérons comme prioritaires pour les six prochains mois.

 

1. Mettre fin au traité de libre-échange avec les pays du Mercosur

Les forêts, la biodiversité, le climat et les droits humains sont en danger, particulièrement dans l’Amazonie. L’accord de libre-échange avec le Mercosur aggraverait encore la situation. Cet accord doit soit être complètement refondu afin d’intégrer des normes de développement durable partout soit être abandonné.

 

2. Taxer le transport aérien et améliorer les voyages en train en Europe

Les compagnies aériennes bénéficient d’une exonération fiscale qui leur permet de ne pas payer de taxe sur le kérosène. C’est une manière de financer discrètement le secteur des transports les plus polluants et la présidence portugaise doit y mettre fin immédiatement. Une taxe sur le kérosène permettrait de financer un transport respectueux du climat, comme le transport ferroviaire. 2021 est l’année européenne du rail, il est temps de mettre fin à la concurrence déloyale entre le train et l’avion.

 

3. Adopter une loi Climat ambitieuse

Pendant les négociations en trilogue, la présidence portugaise doit soutenir la position ambitieuse du Parlement européen pour la loi Climat en se penchant tout particulièrement sur un budget pour les gaz à effet de serre, la création d’un Conseil européen sur le climat avec des scientifiques indépendant·e·s et la fin des subventions aux énergies fossiles.

 

4. La transparence fiscale pour les grandes multinationales

La présidence portugaise doit faire pression sur le Conseil pour qu’il travaille à une nouvelle législation qui obligerait les grandes multinationales à déclarer combien d’impôts ils paient réellement dans chaque pays. Le Conseil doit trouver un accord sur la proposition de la Commission de mettre en place une publication pays par pays de ces chiffres afin que les négociations législatives avec la Commission et le Parlement puissent commencer pour que cette législation importante soit finalisée avant la fin de la présidence portugaise.

 

5. Promouvoir des technologies respectueuses de l’environnement

La présidence portugaise doit reconnaître le rôle joué par les technologies numériques dans la crise climatique. Elles sont susceptibles d’augmenter le gaspillage, la consommation d’énergie, les émissions de CO2 liées aux transports et les effets rebond. Cependant, la technologie peut également aider à combattre la crise climatique. La présidence portugaise doit utiliser les instruments de gouvernance économique (comme la taxe carbone et les programmes d’échanges de quotas de CO2, par exemple) pour réduire l’empreinte climatique des technologies et des infrastructures numériques en améliorant leurs efficacité énergétique, en réduisant l’impact environnemental des technologies et en encourageant l’utilisation de sources d’énergie renouvelables.

 

6. Protéger la vie privée des citoyennes et des citoyens en ligne

La loi numérique est une opportunité pour la présidence portugaise pour interdire les publicités ciblées ou comportementales et le traçage des usagers tout en demandant une plus grande transparence sur les algorithmes utilisés pour mettre en avant ou cacher les contenus en ligne. Par ailleurs, la présidence portugaise doit interdire aux opérateurs de scanner la correspondance des usagères et des usagers afin de préserver la confidentialité de leurs échanges, s’assurer que la surveillance biométrique dans l’espace public est interdite et s’engager à terminer le règlement « vie privée et communications électroniques » de façon à ce qu’il ne soit pas moins disant par rapport à la directive du même nom.
En savoir plus sur nos propositions sur la loi numérique

 

7. Garantir à chacune et à chacun le droit d’avoir un foyer

La présidence portugaise doit pousser la Commission à proposer une plateforme ambitieuse pour lutter contre le sans-abrisme en juin 2021. Elle doit donner la priorité au logement pour toutes et tous et s’engager sur l’objectif de mettre fin au sans-abrisme d’ici à 2030, conformément au socle européen des droits sociaux. La priorité de la présidence portugaise doit être que chacune et chacun puisse disposer d’un logement décent et abordable, en relançant, par exemple, les réunions informelles des ministres du logement et en les ouvrant au Parlement européen et aux acteurs et actrices du domaine.

 

8. Une transition pour toutes et tous

La présidence portugaise doit faire de la lutte contre la précarité énergétique une priorité de son mandat et promouvoir une vague de rénovation des logements pour une transition énergétique vers une société sans carbone juste socialement.

 

9. Dépenser intelligemment l’argent de la PAC

Dans la révision de la Politique agricole commune (PAC), le Parlement européen a introduit, pour la première fois, un plafonnement obligatoire des subventions agricoles ainsi qu’un système de contrôle centralisé afin d’empêcher les oligarques de détourner les fonds de la PAC. La présidence portugaise doit empêcher que cette disposition soit supprimée pendant les négociations en trilogue entre la Commission, le Parlement et le Conseil afin que la PAC ne puisse plus servir à financer les oligarques européens. La présidence portugaise doit se battre pour s’assurer que les fonds de la PAC soient utilisés pour financer une agriculture durable et, plus largement, pour revoir toute la copie de cette nouvelle PAC qui n’est pas cohérente avec le Pacte vert européen.
Notre communiqué suite au vote de la PAC au Parlement européen

 

10. Relocalisation des demandeurs et demandeuses d’asile, aides aux frontières et refoulements

La présidence portugaise doit poursuivre les efforts avortés de la présidence allemande de rassembler les gouvernements des États membres pour relocaliser et accueillir les demandeurs et demandeuses d’asile dont la plupart vivent dans des conditions effroyables aux frontières ou dans le pays par lequel ils et elles sont entré·e·s en Europe. En attendant, il est indispensable d’agir dès maintenant et d’envoyer de l’aide humanitaire aux frontières de l’Union européenne. La présidence portugaise doit s’assurer que toute l’aide envoyée arrive bien là où elle est attendue et garantir que les associations puissent porter assistance aux demandeurs et demandeuses d’asile. Elle doit également faire en sorte que les graves allégations de refoulements aux frontières de l’Union européenne fassent l’objet d’une enquête immédiate et approfondie.
En savoir plus sur nos propositions sur le Pacte pour la migration et l’asile

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