Une Europe 100% renouvelable est possible dès 2040 (et même 2035 !)

La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine est un signal d’alarme pour l’Union européenne : malgré les engagements climat et les risques pour la paix et la souveraineté, l’Europe tarde encore à sortir des énergies fossiles.

À l’heure où chacun appelle à trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en gaz, les écologistes appellent à ne plus sacrifier le long au court terme mais, au contraire, à déployer avec dextérité et détermination une politique ambitieuse de réduction de la consommation d’énergie et les renouvelables.
L’étude commandée par le groupe Verts/ALE à l’université de technologie de Lappeenranta (LUT), « Accélérer la transition vers les énergies renouvelables en Europe« , prouve, à nouveau, que cela est non seulement désirable mais aussi possible dès 2040, et même 2035 !
L’étude analyse trois scénarios de transition énergétique pour l’Union européenne dans son ensemble et pour chacun de ses États membres :
– Un scénario de référence, conforme au paquet Fit for 55 de la Commission européenne, pour une transition d’ici 2050 qui conduit à une économie basée à 98% sur les énergies renouvelables ;
– Deux scénarios qui mènent à un système énergétique basé à 100% sur les énergies renouvelables d’ici 2035 et 2040.

L’étude conclut plusieurs points :

  1. Elle montre qu’une transition vers un système d’énergie entièrement renouvelable est possible et économiquement viable au plus tard en 2040, tandis que la sécurité d’approvisionnement est assurée à chaque heure de l’année, dans toute l’Europe, pour toutes les utilisations finales. Cette transition peut donc se faire : sans nouveaux réacteurs nucléaires et en abandonnant progressivement les centrales nucléaires existantes ; tout en respectant les préoccupations en matière de biodiversité liées à la biomasse (en n’utilisant que les véritables déchets et la biomasse résiduelle) et sans recourir au captage et au stockage du carbone.
  2. L’accélération de la transition énergétique nécessitera une volonté politique et des changements législatifs, en particulier en ce qui concerne l’électrification de tous les secteurs (transport, chauffage, industrie…). Selon l’étude, pour parvenir à une économie efficace sur le plan énergétique et reposant entièrement sur les énergies renouvelables d’ici 2040, il faut augmenter les investissements publics et privés dans l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et les technologies durables dans l’ensemble de l’Union européenne de 1 700 milliards d’euros d’ici 2030. Les pouvoirs publics doivent intensifier les investissements dans notre transition énergétique pour montrer la voie.
  3. Le financement de l’action climatique aura de nombreux bénéfices : Cette transition crée de nouveaux emplois, permet de vivre dans des environnements plus sains et entraîne des bénéfices financiers. Le passage à une économie 100% renouvelable garantira également la sécurité énergétique européenne et en sortant de notre dépendance aux importations d’énergies fossiles, notamment russes.

Pour Marie Toussaint, eurodéputée écologiste :

« Le temps est fini des énergies fossiles, qui alimentent les guerres et détruisent les conditions de vie sur Terre. Ce que cette étude démontre, c’est que nous ne pouvons plus sacrifier le long terme, celui de la transition, aux impératifs d’urgence et au court terme. Au contraire, garantir à chaque européenne et chaque européen un droit à l’énergie requiert une réduction de notre consommation et le remplacement des fossiles par les renouvelables. C’est possible. Rapidement. Et économiquement viable.
C’est ce que montre cette nouvelle étude de l’Université LUT, qui nous invite à déployer des politiques ambitieuses, adossées à une réorientation complète des investissements actuels pour sortir définitivement l’Union de sa dépendance fossile.
Les discussions en cours sur les mesures urgentes de sobriété énergétique et sur les questions d’approvisionnement pour l’hiver prochain ne peuvent se faire indépendamment de ces réflexions structurantes sur l’avenir énergétique de l’Union européenne. Nous sommes la dernière génération à pouvoir limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Alors faisons-le.« 

Pour Damien Carême, eurodéputé écologiste : 

« Alors que les entreprises de l’énergie et leurs alliés politiques profitent de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique pour vanter les supposés bienfaits du nucléaire, chercher de nouveaux fournisseurs de gaz et avoir recours à toujours plus d’énergies fossiles, cette étude démontre, une fois de plus, que les énergies renouvelables demeurent LA solution, même – et surtout – en temps de crise. Elles assurent l’autonomie énergétique de l’Union européenne et la maîtrise des coûts.
Cette étude solide est un revers pour ceux et celles qui, face aux difficultés qui s’annoncent cet hiver pour les Européens et les Européennes, tentent de rejeter leurs responsabilités qui sur des écologistes, soi-disant inconséquents, qui sur les décisions sur la sortie progressive du nucléaire, et qui voudraient utiliser l’argument de l’urgence pour réduire les ambitions climatiques européennes. 
Les auteurs de cette étude mettent à mal, un à un, les arguments des tenants du business as usual. Un système énergétique basé à 100% sur les énergies renouvelables est possible, sans risque d’interruption sur le réseau, sans nouvelles centrales nucléaires nécessaires et en poursuivant la fermeture progressive des centrales existantes et sans recours à la technique de capture et de stockage du gaz dont nul n’a, à ce jour, été capable de prouver la faisabilité à grande échelle et l’efficacité.
Cette crise ne doit pas nous enfermer dans un modèle énergétique dépassé et climatiquement meurtrier. Au contraire, elle doit – elle peut ! – être l’occasion de politiques ambitieuses et de la mise en place de soutiens massifs en faveur des renouvelables.
Face à l’urgence climatique et énergétique, il y a l’urgence des énergies renouvelables !« 

 

L’étude, en anglais, est disponible ici.

Le résumé pour décideurs, en français, est disponible ici.

Les recommandations du groupe Verts/ALE, en français, sont disponibles ici.

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