25 ans après Tchernobyl, les victimes de la catastrophe toujours ignorées

16 novembre 2011
Les eurodéputés écologistes ont reçu le Professeur Yury Bandazhevski au Parlement européen le mardi 15 novembre. Ce Biélorusse alerte l’opinion publique depuis de nombreuses années sur la nécessité d’une meilleure prise en charge des victimes de la catastrophe nucléaire. Son projet de centre de soins installé en plein territoire contaminé est aujourd’hui délaissé par les institutions européennes qui bloquent son financement.
En 2008, puis en 2010, les eurodéputés s’étaient prononcés pour encourager et soutenir le financement de projets innovants à destination des victimes de la catastrophe de Tchernobyl. Trois ans plus tard, les déclarations des parlementaires ne sont toujours que des déclarations et les victimes – entre 6 et 7 millions de personnes vivant en territoire contaminé à la radioactivité sur un périmètre de 150 000 km2 en Ukraine, en Biélorussie et en Russie – toujours ignorées. Le 19 avril 2011, la Commission européenne a engagé 110 millions d’euros supplémentaires pour les travaux de sécurisation de la centrale (sur un total de 1,54 milliard d’euros). Mais l’aide aux victimes tarde elle à se concrétiser. Pour Michèle Rivasi, eurodéputée EELV, « il s’agit d’une politique du déni ». « On dépense des millions d’euros pour construire une nouvelle chape isolant le réacteur de Tchernobyl et recouvrir le vieux sarcophage qui fuit de toutes parts, mais les gens, on ne veut pas les suivre. »

En 2010, la Commission et le Conseil, réunissant les Etats-membres, s’étaient pourtant mis d’accord pour soutenir le projet de Centre d’écologie et de santé du professeur Yuri Bandazhevski et ainsi fournir une aide sanitaire à la population. Cette initiative exemplaire, dont le budget est estimé à 4,2 millions d’euros, est aujourd’hui à l’arrêt, faute d’un soutien effectif de la part des institutions. Après de nombreux travaux de recherche initiés dès 1986, Yuri Bandazhevski a pris la mesure de l’impact de la contamination par ingestion. Pour réagir, il a initié la création d’un centre visant à développer un modèle intégré de système de vie dans un territoire contaminé par la radioactivité. « Ce projet est unique en son genre et permettra de tirer de véritables leçons de cette catastrophe, mais aussi d’assurer le suivi épidémiologique des victimes, soutient Michèle Rivasi. Ces résultats pourront aussi contribuer à une meilleure gestion des territoires contaminés de Fukushima. »

« Ce centre donne une espoir à la population. On réinvestit dans un lieu qui n’avait plus d’avenir », poursuit l’eurodéputée Europe Ecologie – Les Verts. Victimes d’irradiation lors de l’accident ou contaminés par l’ingestion d’aliments cultivés sur place 2,4 millions d’ukrainiens (dont 428 000 enfants) souffrent de problèmes de santé liés à la catastrophe, selon les chiffres du Ministère ukrainien de la santé. Dans le pays, les liquidateurs ukrainiens de Tchernobyl encore en vie manifestent d’ailleurs depuis plusieurs semaines devant le parlement ukrainien. Les aides qu’ils touchaient jusque là sont une fois de plus remises en cause et leur accès gratuit aux soins de plus en plus limité. C’est pourtant leur sacrifice qui a permis d’éviter une contamination à grande échelle du territoire européen.

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