Copenhague : Obama et Hun Jintao avancent sur le fond, Sarkozy avance sur la com’
Paris, le 27 novembre 2009
A 15 jours du début de Sommet sur le climat de Copenhague, cette fin
de semaine aura été marquée par les annonces américaines et chinoises.
De manière concertée, les premiers ont annoncé qu’ils mettraient sur
la table des négociations un objectif de réduction de leurs émissions
de 17% d’ici à 2020 par rapport à 2005. Un objectif encore insuffisant
mais qui s’accompagne d’autres engagements, notamment pour 2025 et 2030, qui
amorcent le rattrapage américain après les années catastrophiques de
Bush. Les seconds ont annoncé qu’ils réduiraient de 45% l’intensité
carbone de leur économie, alors qu’ils ont déjà pris le leadership
mondial en matière d’énergies renouvelables. Ces annonces, qui
rejoignent celles du Japon, de la Norvège, du Brésil ou de l’Afrique
du Sud, ont le mérite de créer une dynamique positive pouvant conduire
à Copenhague à un accord acceptable pour le climat.
Pour Daniel Cohn-bendit : « L’Europe va-t-elle participer à cette dynamique
ou tenter, avec une communication tous azimuts, de masquer son immobilisme
? Combien de temps encore pense-t-elle pouvoir prétendre au leadership
mondial sur le climat :
– en affichant un objectif de réduction de ses émissions de 20% d’ici à
2020 par rapport à 1990, soit moins de 10% par rapport à aujourd’hui;
– et en continuant, sous l’impulsion de la France et de l’Allemagne, de ne
pas chiffrer son soutien financier aux pays du Sud pour les aider à faire
face à la crise climatique ? »
Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy essaye d’échapper à une actualité
nationale morose en mettant en scène un match Obama-Sarkozy sur le
climat. Mais il n’y a pas de tel match ! Il y a un match Obama-Hun Jintao
dont l’Europe est exclue. La communication personnelle du Président et le
plan Borloo, défini hors du cadre communautaire, portent atteinte à
l’efficacité européenne. L’accord avec le Président brésilien Lula, que
Nicolas Sarkozy tente, en ce moment, de défendre en Amérique du Sud
devant un petit nombre de chefs d’Etat, est vide !
Dans le mandat qu’elle donne aux négociateurs, dans les couloirs de
Bruxelles, avec le vote des députés UMP au Parlement européen, la France
bloque l’avancée d’une Europe dont le leadership international sur le
climat est en panne depuis des mois si ce n’est des années. Au plan
intérieur, les projets éoliens sont bloqués et la rénovation des
bâtiments n’est toujours pas encadrée par des objectifs thermiques
ambitieux.
Pour Yannick Jadot, Député d’Europe Ecologie « On pensait que la lutte
contre les changements climatiques, le plus grand défi de notre siècle,
et le sommet de Copenhague échapperaient au bal des postures et des
impostures. C’est raté ! Faute de prendre des engagements à la hauteur du
péril et d’engager les ruptures énergétiques indispensables, les experts
de la communication et du « story telling » de l’Elysée se sont emparés de
l’évènement. A défaut de fond travaillons la forme ! A la France et
l’Europe les palmes climatiques, aux États-Unis et la Chine le goudron et
les plumes. Il s’agit de transformer Copenhague en match Sarkozy Obama :
si le sommet est un succès, la gloire à Sarkozy, si c’est un échec, la
faute à Obama. C’est ridicule ! Le président Sarkozy doit faire plus et
mieux sur le fond, dans le cadre européen et onusien ».