Copenhague : les leçons d’un échec
« Naufrage », « ratage »… Les mots ne manquent pas pour qualifier le sommet sur le climat qui s’est achevé hier sur un mini-accord, très loin des espoirs suscités. Voici ce qu’il faut en retenir.
Frédéric Mouchon | 20.12.2009, 07h00
Ceux qui rêvaient que les leaders de la planète ramènent de Copenhague une hotte remplie de solutions pour sauver le climat peuvent être déçus. Car, au pied du sapin, il n’y a qu’un document d’à peine trois pages, un accord a minima sans véritable engagement. Une déclaration politique où les pays se fixent l’objectif de limiter d’ici à la fin du siècle le réchauffement à 2oC et prévoient d’aider financièrement les pays les plus vulnérables.
Les écologistes dénoncent un « naufrage révoltant », tandis que l’ONU, très critiquée, y voit « une première étape essentielle ».
1 Pas d’engagement con- traignant. Négociée vendredi soir en secret, la déclaration de Copenhague associe certes une trentaine de pays, dont les Etats-Unis, l’Europe et les grands pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil, mais l’essentiel n’y est pas : à savoir l’objectif de réduire de moitié les émission de gaz à effet de serre sur la planète d’ici à 2050. « C’est une proposition d’accord désastreuse, bouclée entre pays riches et qui ont cru pouvoir l’imposer au reste du monde », déplore Karine Gavand, de Greenpeace. « Copenhague s’est résumé à un poker menteur, décrypte l’eurodéputé Yannick Jadot. C’est le résultat d’égoïsmes nationaux. »
2 La Chine et les Etats-Unis campent sur leurs positions. Pas question pour les deux plus gros pollueurs de la planète de se voir imposer un contrôle international de leurs réductions d’émissions de gaz à effet de serre. « Hier, ils ont signé un pacte de non-agression », résume Yannick Jadot. « Les Etats-Unis ne voulaient pas d’un accord contraignant impliquant contrôles et sanctions, la Chine a systématiquement joué le blocage. L’Afrique, qui est la première à souffrir du réchauffement, se retrouve grande perdante », déplore l’ancienne ministre de l’Environnement Corine Lepage. « Ce n’est pas si simple, estime le négociateur français Brice Lalonde. Avoir tout le monde à bord, alors que les Etats-Unis ont été les grands absents du débat sur le climat depuis douze ans, c’est déjà énorme. »
3 Une aide trop floue aux pays vulnérables. Les signataires du texte de Copenhague prévoient 30 milliards de dollars à court terme (d’ici à 2012), puis une montée en puissance pour arriver à 100 milliards d’ici à 2020 pour aider les pays les plus pauvres à s’adapter aux impacts du dérèglement climatique. « Mais c’est davantage un objectif qu’un véritable engagement et les pays les plus pauvres n’ont aucune certitude de recevoir l’argent », estime l’ONG Oxfam France.
4 Une session de rattrapage prévue en juin. Les pays industrialisés se sont donné un mois supplémentaire pour adopter par écrit leurs engagements respectifs de réduction de gaz à effet de serre à l’horizon 2020 et ont prévu des mécanismes garantissant la transparence de leur mise en oeuvre. Une nouvelle conférence climatique aura lieu fin 2010 à Mexico. La chancelière allemande, Angela Merkel, a proposé d’accueillir une réunion de mi-parcours à Bonn en juin.