Le Parlement européen vient d’adopter une résolution sur le gestion du combustible usé et des déchets radioactifs en Europe. Les recommandations compilées dans ce texte ne pourront jamais annuler le risque immense que nous prenons en choisissant l’énergie nucléaire. Les eurodéputés ont rejeté l’amendement qui proposait l’exportation des déchets nucléaires en dehors de l’UE, ce qui constitue tout de même une bonne nouvelle. Réaction de Michèle Rivasi.
Suite au vote
Michèle Rivasi, députée européenne Europe Ecologie – Les Verts et fondatrice de la CRIIRAD : « Nous avons pu éviter le pire mais ce texte reste en deçà d’une politique de sûreté efficace en matière de gestion des déchets radioactifs, en continuant à faire croire que les combustibles usés pourront être retraités en France, en Russie ou en Ukraine. Par exemple, les règles définies par ce rapport n’intègrent pas les déchets nucléaires provenant d’un usage militaire, ni même la quantité faramineuse de déchets provenant des mines d’uranium ou bien les combustibles usés devant être retraités. Le but ici semble bien de bercer les citoyens dans l’illusion d’une maîtrise parfaite de la filière et de la consécration du stockage en couche géologique profonde comme solution idéale face au risque liés aux déchets radioactifs.
Le vote contre l’exportation des déchets en dehors de l’UE reste néanmoins un énorme soulagement : il aurait été inadmissible qu’une majorité conservatrice favorise l’industrie nucléaire qui nous a maintenu depuis des décennies dans le mensonge et l’illusion d’une gestion responsable et durable des déchets. La raison réelle de cette soumission inexcusable est l’absence d’acceptabilité sociale en matière de déchets radioactifs : aucun citoyen européen ne souhaite avoir une poubelle radioactive près de chez lui, ni à Bure (projet français) ni ailleurs. Notre incapacité à gérer ces déchets ne doit pas nous mener au déni de responsabilité : la filière électronucléaire doit assumer la responsabilité financière des déchets ultimes et les Etats doivent assumer leurs choix politiques en matière d’énergie. Aussi, nous nous réjouissons du vote en faveur de notre amendement interdisant le stockage des déchets en zone sismique, les députés auront su au moins tirer une leçon de la catastrophe de Fukushima : il était temps ! »