#DirectLima: La COP20 de Lima doit être plus qu’une répétition générale
Après un enthousiasme indéniable, des déclarations élogieuses et un matraquage médiatique vigoureux autour de l’accord entre la Chine et les États-Unis sur le climat, c’est l’heure de la douche froide : la perspective d’un accord à Paris en 2015 permettant de limiter le réchauffement en dessous du seuil critique des 2°C est plus qu’incertain. Lundi 1er décembre, a débuté la conférence des Parties (COP20) à Lima, Pérou, un nouveau cycle de négociation qui doit absolument prendre des décisions clés pour savoir si les engagements, comme par exemple ceux des États-Unis ou de la Chine, correspondent aux efforts nécessaires définis par les sciences climatiques.
La COP20 doit définir les contours et le contenu des contributions nationalement déterminées (INDC) – innovation linguistique créée à Varsovie pour éviter le mot « objectif » – afin que ces engagements nationaux soient quantifiables en termes d’émissions, et qu’à terme, il soit donc possible de les vérifier, les surveiller, les déclarer et ainsi évaluer leur conformité face aux engagements préalablement pris.
L’évaluation de la transparence et de la quantification des contributions envisagées est également essentielle pour assurer l’équité de ces financements, tant individuelle que collective. Inutile de dire que Lima devra mettre en place un outil sous la responsabilité des négociations onusiennes pour une telle évaluation en amont de Paris 2015 (COP21), afin de pousser pour plus d’ambition là où nécessaire.
La question de la finance internationale pour l’action climatique dans les pays en développement sera également fondamentale pour bâtir, non seulement la confiance vers un nouvel accord, mais aussi pour s’assurer que les actions nécessaires en matière d’adaptation et d’atténuation soient réelles. À Copenhague, les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par année à l’horizon 2020, mais on ne sait toujours pas si, et comment, cet engagement va être honoré. Lima doit permettre de mettre sur pied une feuille de route concrète sur les engagements à l’horizon 2020, et poser les jalons d’un cadre précis et adéquat pour plus de financements climat pour Paris 2015.
La COP 20 devra également délivrée le projet de texte de négociation pour la dernière année – la précision avec laquelle ces grandes lignes seront définies sera un thermomètre politique des chances de conclure, ou non, un accord légalement contraignant à Paris.
Enfin, dernier point, mais non des moindres : si l’on souhaite que l’accord de Paris et les objectifs post-2020 permettent d’éviter la catastrophe climatique mondiale, la COP20 devra trouver des moyens de renforcer les efforts de réduction de nos émissions dès maintenant et plus rapidement, afin de fermer progressivement, et avant 2020, l’écart d’émissions1 aujourd’hui constaté (l’écart actuel annuel d’émissions à creuser est établi entre 8 et 12Gt CO2eq d’ici 2020 selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue)). La réussite de la COP21 tient donc aussi en la capacité des Parties à réduire cet écart et à mettre en œuvre des actions de court terme pour le réduire, y compris en relevant leurs objectifs pour 2020. L’Union européenne pourrait retrouver son rôle de leader en ajustant par exemple l’objectif 2020 de son Protocole de Kyoto à un niveau adéquat aux législations déjà en vigueur, soit une réduction d’environ 25% de ses émissions domestiques par rapport à 1990.
Si l’on se place dans une perspective de maintien du réchauffement de la température du globe à 2°C, le monde a déjà consommé deux tiers de son « budget » carbone mondial disponible. Il nous reste 1000 gigatonnes, qui seront consommées en moins de 30 ans aux taux d’émissions actuelles. Chaque année de retard supplémentaire en matière de plafonnement des émissions globales nous approche de l’année où le monde devra être complétement neutre en carbone. Retarder l’action rendra notre lutte contre les émissions non seulement plus chère, mais aussi plus risquée.