EELV et RPS : la stratégie gagnante
Ce n’était pas, sur le papier, la plus « gagnable » des circonscriptions négociées en Bretagne administrative. Mais, au final, c’est la seule qui a vu la victoire du « candidat officiel » désigné par l’accord, des candidats dissidents s’étant imposés dans deux autres circonscriptions. Face aux dissidences qu’il a dû lui aussi affronter, Paul Molac a pu opposer la légitimité de son implantation locale, et son travail de longue haleine au service de la culture bretonne. Il a facilement dominé ses rivaux de premier tour, en ayant soin de bien positionner sa candidature d’union au service de toute la gauche bretonne. Et, au second tour, le rassemblement a été général, et facilité par l’inconsistance de la candidature UMP portée par le fils de Claude Guéant, prototype du candidat parachuté en terrain hostile aux parachutages.
Ce succès de RPS est à resituer dans une longue stratégie de compagnonnage entre écologistes et régionalistes. Pour les Européennes 2009, l’objectif d’un député européen avait été fixé : il a été tenu. Pour les élections régionales 2010, chaque composante RPS partie prenante de l’accord a pu bénéficier d’élus régionaux alors que certaines n’en avaient jamais eu -Mouvement Région Savoie, mouvement Amazigh-, ou n’en avaient plus depuis fort longtemps -Partit Occitan, tandis que Bretons et Corses retrouvaient leurs groupes dans leurs assemblées régionales respectives.
Puis, pour ces législatives, le Congrès RPS de Mouans Sartoux d’Août dernier, tout en soutenant la candidature d’Eva Joly à l’élection présidentielle, avait fixé son objectif, un député RPS au Palais Bourbon, et décidé que la priorité serait donnée à l’UDB. La négociation a été menée en ce sens, dans la solidarité la plus totale, puis l’investiture obtenue, Paul Molac a su mener campagne avec efficacité et succès. Il est désormais l’élu de référence de Régions et Peuples Solidaires au Parlement.
L’autre stratégie gagnante, à l’évidence, c’est celle d’Europe Ecologie. Dans l’euphorie de la campagne présidentielle, Jean Luc Mélenchon et le Front de Gauche imaginaient avoir définitivement supplanté le mouvement écologiste dont la candidate était la tête de turc des médias. Puis, patatras ! A la fin du film, une fois les élections terminées, le Front de Gauche compte deux fois moins de députés qu’Europe Ecologie, ne réussissant pas à former un groupe, alors qu’ils en comptaient quatre fois plus que les écologistes lors de la mandature précédente.
Alors que les observateurs avaient relégué le mouvement écologiste en « deuxième division », ils les retrouvent plus forts que jamais, avec un groupe charnière au Sénat et un groupe conséquent à l’Assemblée Nationale ! Certes, cela a été rendu possible grâce à l’accord avec le PS. Mais le PS aurait-il gagné seul l’élection présidentielle ? Et les députés socialistes auraient-ils été aussi nombreux sans la réciprocité apportée par l’accord ?
En tous les cas la démarche stratégique qui a consisté à mettre en perspective la succession des scrutins, et de s’attacher à des objectifs concrets, est la preuve d’une maturité politique réelle. Le mouvement écologiste, avec de tels choix judicieux, s’implante définitivement dans le paysage politique français et européen.
Un commentaire
Oui. Le PS aurait pu être tout seul et remporter haut la main ces élections. Sans le PS, les écologistes auraient alors obtenu 1-5% et les régionalistes entre 0-3% … sauf peut-être en Corse ?