Eva Joly : « La famine dans la Corne de l’Afrique de l’Est était prévisible, nous aurions dû intervenir en amont »
Eva Joly : « La famine dans la Corne de…
Des signes avant-coureurs auraient dû nous amener à intervenir très en amont : le changement climatique, l’accaparement des terres arables et la spéculation sur les matières premières ont joué un rôle considérable dans cette tragédie. Ce sont des phénomènes que nous connaissons, dont nous connaissons les effets terribles sur les écosystèmes et donc, sur les populations. Pourtant l’Union européenne et les Etats-membres continuent de les ignorer ou d’y répondre trop faiblement. Cela doit changer et cela doit changer rapidement !
L’Union européenne doit soutenir les acteurs locaux pour sortir la région de sa spirale guerrière. Elle doit intégrer dans ses politiques de développement la lutte contre l’accaparement des terres. Elle doit lors de la prochaine réforme de sa politique agricole commune redonner à l’agriculture son rôle premier : celui de nourrir les hommes, non la spéculation. Elle doit pour ce faire imposer une régulation stricte des prix des matières premières agricoles. Elle doit proposer et soutenir la création rapide au sein de l’ONU d’une Agence mondiale de régulation des marchés et la constitution de stocks physiques de céréales, telles que votées à plusieurs reprises par ce Parlement. Enfin, l’Union européenne doit être plus ambitieuse dans la lutte contre le changement climatique, plus généreuse aussi, dans l’aide à l’adaptation allouée aux pays en développement qui souffrent bien plus durement des effets de ces bouleversements écologiques. »