Karima Delli : « La crise sociale absente des débats »

28 octobre 2011
Les chefs d’Etats de la zone Euro sont-ils des héros ? Ils tentent de nous le faire croire. Pourtant, le sommet européen de ce mercredi 27 octobre ne change rien à la situation, il donne tout au plus un répit de courte durée aux peuples européens.
Un ensemble de mesures a été annoncé pour résoudre la crise, dont l’effacement de 50% de la dette grecque envers ses créanciers privés et le renforcement du Fonds de stabilité de la zone euro. Les marchés sont rassurés et se portent fort bien ce jeudi.

Pourtant, nous les écologistes ne sommes pas rassurés. Rien n’a été décidé pour réduire les inégalités et parvenir à une meilleure répartition des richesses. Rien contre la lutte envers les paradis fiscaux, rien sur un projet d’harmonisation fiscale, rien sur un renforcement du fédéralisme européen, et surtout, pas un mot sur les conséquences sociales de cette crise. Le libre-échange généralisé porté par la Commission européenne, qui met en concurrence les droits sociaux des travailleurs, n’est évidemment pas remis en question. Bien au contraire, puisque la Chine, pays autoritaire qui refuse à ses travailleurs les droits les plus élémentaires, est appelée à venir abonder le Fonds européen de stabilité financière. Une logique néolibérale imparable !

Les gouvernements européens proposent plans de rigueur sur plans de rigueur pour sauver leur « note » fixée par des « experts » de la finance avec un résultat simple : l’abandon des plus faibles d’entre nous. En contrepartie de l’aide européenne assurée par le FESF, les Etats devront en effet s’engager à appliquer davantage d’austérité. Réforme des retraites, coupes budgétaires dans les domaines de l’éducation, de la santé… Les ménages trinquent et les banquiers sont à l’abri !

Dernier paradoxe en date : la remise en cause du Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD), l’une des rares politiques sociales mises en œuvre directement au niveau européen. Alors que les chefs d’Etats s’accordent pour sauver un système financier à l’origine même de la crise, ils se désunissent lorsqu’il s’agit d’aider les pauvres.

Nous ne pouvons accepter que les mêmes politiques qui ont engendré la crise par des pratiques ultralibérales ne soient pas capables de rétablir la justice sociale, seule issue favorable pour nos concitoyens. Si nous n’en finissons pas avec cette concentration des richesses, les indignés seront de plus en plus nombreux en Europe. De plus, la raréfaction et le renchérissement des matières premières, à commencer par le pétrole, risquent d’aiguiser, dans les années et les décennies à venir, la compétition et les rancoeurs pour l’accès aux biens sociaux et environnementaux. Il est plus que jamais nécessaire de montrer que la répartition des efforts peut être plus juste, si elle concerne en premier lieu les plus riches. A nous de construire de nouveaux référents puissants autre que la croissance du PIB, basés sur la solidarité, la coopération et la sobriété partagée, l’harmonie entre les vivants et avec leur environnement.

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