L’urgence sociale disparaît du programme de travail de la Commission européenne en 2013
« Je suis indignée par les annonces de la Commission européenne. A rebours des discours volontaristes de son président, M. Barroso, qui parlait il y a peu « d’urgence sociale », la Commission renonce à une série de mesures vitales pour la cohésion sociale et pourtant réclamées par le Parlement européen.
En matière de santé et de sécurité au travail, alors que 168 000 personnes meurent chaque année d’un accident ou d’une maladie liée au travail, la publication d’une nouvelle Stratégie européenne a disparu des radars. J’ose espérer que la directive s’attaquant à l’épidémie de troubles musculosquelettiques, qui représentent 80 % des maladies professionnelles, et prévue pour cet automne, ne sera pas elle non plus abandonnée. Sous la pression des lobbies des employeurs, cela fait plus de huit ans que la Commission tergiverse !
A quelques semaines de la vague de grand froid, je m’inquiète de l’absence d’une Stratégie européenne intégrée en faveur des personnes sans-abri, demande claire, répétée et unanime du Parlement européen, et attendue par l’ensemble des associations. Nous ne pouvons pas nous résigner à l’inaction de la Commission face à la détresse des plus vulnérables.
J’appelle à un sursaut : la Commission doit compléter sa feuille de route avec des initiatives concrètes supplémentaires. Malheureusement, elle a une fois de plus échoué à prouver qu’elle avait la volonté de bâtir l’Europe sociale. Au lieu de faire valoir l’intérêt général européen et d’œuvrer pour davantage de cohésion sociale, l’équipe de M. Barroso enchaîne les mauvais choix politiques et entraîne les citoyens européens dans sa chute. »
Pour Malika Benarab-Attou, eurodéputée EELV, membre de la commission Emploi et Affaires sociales :
« De nouveau, la Commission manque d’ambition dans sa réponse aux besoins des citoyens européens. Par exemple, sa proposition d' »un pacte d’investissements sociaux en faveur de la croissance et de la cohésion » ressemble plutôt à une coquille vide, elle ne lie pas les investissements à de strictes conditionnalités environnementales et sociales.
Pourquoi n’a-y-t il aune proposition concernant les emplois verts ou l’harmonisation fiscale ? Les objectifs de l’Europe 2020, comme un taux d’emploi de 75 % de la population ou la réduction d’au moins 20 millions du nombre de personnes touchées ou menacées par la pauvreté et l’exclusion sociale, sont-ils abandonnés ?
L’heure est à l’ambition ! Il nous faut une vision de l’UE dans laquelle les citoyens et les jeunes en particulier se retrouvent. La Commission, dans ce sens, pourrait commencer à travailler sur la perspective de mettre en œuvre un socle des droits sociaux : nous l’avons fait pour les droits humains avec succès. La situation de précarité alarmante de beaucoup de concitoyens nous donne la responsabilité d’y donner une réponse. »