La Flandre, nation d’Europe
En fait, les médias jacobins s’étranglent de dépit face à cette victoire d’une « nation sans Etat », qui plus est au détriment d’une Belgique de conception typiquement francophone. Car le parti de Bart de Wever, le très charismatique dirigeant de N-VA, a des objectifs clairs et nets, et il entend arriver à ses fins : faire reconnaître la Flandre comme une nation d’Europe à part entière. Et ouvrir ainsi la voie aux autres nations que l’ALE représente à Bruxelles, à commencer par l’Ecosse, la Catalogne et Euskadi.
L’histoire de N-VA remonte aux origines de la Volksunie qui durant de longues années avait réussi à rassembler un large panel de nationalistes flamands passionnés par la construction européenne. De leur démarche, alors que la Volksunie « pesait » environ 15% des voix en Flandre, est née l’Alliance Libre Européenne, à la fin des années 70, sous l’impulsion de celui qui fut leur premier député européen, Mauritz Coppieters. Puis Willy Kuijpers, Jaak Vandemeulebroucke et Nelly Maes ont prolongé cette action et permis à l’ALE de franchir toutes les étapes de son enracinement dans la vie politique européenne.
Mais, en 2001, la Volksunie a succombé à un débat interne qui a mal tourné entre les « progressistes », de plus en plus proches du PS flamand, et les « traditionalistes » voulant revenir aux principes nationalistes de départ de la Volksunie. La scission intervient alors entre les partisans de Bert Anciaux, ministre du gouvernement alors conduit par les socialistes, et ceux de Geert Bourgeois qui fonde, avec Bart de Wever à ses côtés, la N-VA. La structure qui entoure Bert Anciaux a décliné rapidement, au rythme des ralliements de ses dirigeants au parti socialiste, y compris Bert Anciaux lui-même, tandis que N-VA, dont Bart de Wever est entre-temps devenu le principal dirigeant, retrouvait peu à peu le niveau d’influence qui était celui de la Voksunie.
Puis est intervenu le « sens tactique » de celui qui a pris petit à petit la stature d’homme politique le plus populaire de Flandre. Face à l’aspiration croissante des Flamands à la maîtrise de leur destin, les partis « classiques » de la vie politique flamande n’ont jamais réussi à apporter de réponse politique. De son côté, N-VA a su contracter une alliance avec le premier gouvernement Leterme, et gagner ainsi une légitimité certaine alors que son poids électoral était de 5%. Puis il a su le quitter et s’extraire de cette coalition confortable pour porter plus haut l’aspiration nationale des flamands, tout en s’écartant de cette alliance à droite, et en revenant aux fondamentaux de la Volksunie, notamment en rejoignant à nouveau l’ALE.
Progressivement le « vote flamand » s’est reporté sur N-VA, alors que, ces dernières années, l’extrême droite xénophobe incarnée par le Vlaams Belang en avait profité pour atteindre jusqu’à 25% des voix. La montée en puissance de N-VA a remis de « l’ordre politique » en Flandre, en donnant une expression tout à fait démocratique à la revendication nationale flamande, et en divisant par deux le score du Vlaams Belang. La Flandre, et l’Europe au delà d’elle, a tout à gagner à ce résultat !
Dans la période actuelle, N-VA et Bart de Wever apportent chaque jour la preuve de leur sens politique, déjouant leurs détracteurs, et inscrivant leur détermination fondamentale dans une démarche souple et pleine d’intelligence politique.
N-VA a pris désormais un poids considérable, en Flandre certes, mais aussi pour l’ensemble de la Belgique car il sera incontournable dans les futurs équilibres gouvernementaux. Or, la Belgique va présider pendant les six mois à venir l’Union Européenne, à la suite de l’Espagne. Pour l’ALE, s’ouvre donc une période politique pleine de potentialités nouvelles.
François ALFONSI
Précision : Cet article est publié sur ma page, ne l’a été à aucun moment sur la page générale de la délégation Europe Ecologie, et n’engage donc que moi.