La double faute de M Hortefeux
Lors de la campagne des élections européennes de 2009, M. Hortefeux, alors en 3ème position sur la liste Grand-Centre, s’était engagé devant les électeurs et l’opinion à ne pas siéger au Parlement européen s’il était élu.
Il ne l’a d’ailleurs jamais fait, refusant même de venir à Strasbourg lors de la première session du Parlement pour signifier sa démission comme il est d’usage. C’était son choix et il ne nous appartient pas de le contester. Mais, pour des raisons d’évolution de carrière politique personnelle, il a brutalement changé d’avis et décidé de s’imposer cavalièrement au Parlement. En d’autres termes, pour convenance personnelle, M. Hortefeux renie ses engagements publics.
La décision de l’UMP d’offrir un siège de parlementaire européen à M. Hortefeux, ex ministre de l’intérieur en mal de reconversion, envoie deux messages politiques : les petits intérêts nationaux priment toujours sur les règles européennes ; certains élus, et pas des moindres, font preuve d’une désolante désinvolture quant à la morale publique.
En privilégiant la loi française au détriment des usages et des procédures européennes, cette décision revient encore une fois à tirer l’idée européenne en arrière. Si la loi française de janvier 2009 permet effectivement de « recaser » dans les instances législatives des membres de l’exécutif, il n’est pas fatal qu’elle s’impose aux 26 autres pays constituant l’Union européenne et aux 736 eurodéputés. L’épisode Hortefeux consacre le primat du franco-français et des arrangements nationaux sur l’engagement européen et le respect des règles communes.
Voilà un très mauvais signal envoyé à l’opinion. Les responsables politiques sont confrontés aujourd’hui à la montée de l’exacerbation des citoyens devant le mépris de l’esprit public qu’affichent certaines pratiques des élus. Le tour de passe-passe de M. Hortefeux renforce cette tendance au désenchantement de l’opinion vis-à-vis du politique, contribuant ainsi à faire le lit de la démagogie populiste.
M. Hortefeux n’a peut être pas tort juridiquement. Mais il est éthiquement fautif.
Yves Reverseau – Secrétaire Régional EELV Auvergne
David Chollet – Secrétaire Régional EELV Centre
Didier Tescher – Secrétaire Régional EELV Limousin
Jean-Paul Besset – Eurodéputé Grand-Centre – EELV