La stratégie 2020 en question
L’Europe est confrontée à une crise qui appelle un projet beaucoup plus visionnaire et beaucoup plus politique, y compris des idées nouvelles qui font tellement défaut dans cette stratégie 2020.
Je vais insister sur l’une d’entre elles. Ne devrait-on pas se fixer enfin pour objectif de valoriser la diversité culturelle de l’Europe, qui est une valeur fondatrice de l’Union et qui peut mettre à la disposition du développement économique de notre Europe une matière première inégalée ailleurs sur les autres continents, à travers des biens immatériels comme l’économie de la culture, et à travers des biens matériels comme les produits spécifiques des différents terroirs de l’Europe?
Par ailleurs, une vision stratégique presque entièrement tournée vers les États membres est développée. Or les États, par leurs frontières, par leurs logiques historiques, par leurs administrations centralisées, continuent de figer l’Europe dans un carcan dépassé.
Il faut plus de dimension régionale dans la stratégie future de l’Union européenne. Il faut aussi favoriser des stratégies macrorégionales qui réorganisent les politiques d’aménagement autour des bassins naturels de vie du continent, ces bassins qui sont aussi ses bassins culturels et historiques: la mer Baltique, la Méditerranée occidentale, le Danube, les Alpes, l’arc Atlantique, etc.
Une telle approche se fait jour actuellement, notamment en mer Baltique, mais elle n’est pas reprise dans la stratégie 2020 et elle risque fort d’être étouffée dans l’œuf quand il faudra dégager les moyens de sa mise en œuvre. La stratégie 2020 qui nous est présentée est donc pour nous marquée par une démarche très conventionnelle et très technocratique; elle est sans vision politique.