Le logiciel de la PAC réformée est bel et bien périmé
16 septembre 2015
Alors que les institutions européennes débattent cet après-midi de la crise agricole, force est de constater que la dérégulation des marchés agricoles européens conjuguée à une renationalisation de nombreuses politiques provoquent une pagaille générale et nous renvoient quarante ans en arrière. José BOVE appelle à acter cet échec et se pencher d’urgence sur une réforme de la réforme.
Pour José BOVÉ, porte-parole Agriculture et développement rural des Verts européens :
« Les décisions prises par le Conseil des Ministres de l’Agriculture sont ridicules face à l’ampleur de la crise qui a éclaté à peine mise en place la nouvelle Politique agricole commune (PAC). L’enveloppe financière de 500 millions prévue pour soutenir les producteurs de porcs et de lait peut sembler confortable. C’est juste un cache misère. Cela équivaut à une augmentation de moins 3 centimes par litre de lait alors que les prix ont chuté de 25 % avec la fin des quotas. De l’argent à nouveau mal dépensé puisque ce petit coup de pouce ne permettra pas aux paysans de sortir de l’ornière en couvrant leurs coûts de production. Le nombre de faillites explose à l’ouest comme à l’est de l’Europe.
L’acharnement du Commissaire à conquérir les marchés mondiaux me laisse perplexe quant à ses compétences. Notamment quand il cite en exemple l’accord signé avec le Vietnam. Ce pays a ouvert une ferme laitière industrielle qui regroupe plus de
40 000 vaches laitières et devrait en compter 137 000 dans 3 ans couvrant ainsi 50 % de la consommation intérieure du pays. La Chine construit également des unités qui concentrent plus de 100 000 vaches laitières dont le lait est destiné au marché russe. Ces accords de libre- échange sont de l’enfumage .
Le modèle agro-industriel et productiviste dont la logique remonte aux années 1960 est arrivé à bout de souffle. Le maintenir sous respiration artificielle ne le sauvera pas. La dérégulation des marchés agricoles européens conjuguée à une renationalisation de nombreuses politiques provoquent une pagaille générale et nous renvoient quarante ans en arrière. Le Parlement européen doit admettre que cette PAC est un échec total et demander à la Commission européenne de se pencher d’urgence sur une réforme de la réforme. »
Retrouvez l’interview de José BOVE en session plénière du Parlement européen mercredi 9 septembre sous ce lien.