Crise économique et financière : quelles conséquences dans les pays en développement ?

2 novembre 2009
Le groupe des Verts et la Commission Développement du Parlement européen (DEVE) souhaitaient qu’une résolution soit votée avant le G20 de Pittsburgh, à propos des conséquences de la crise financière sur les pays en développement. Faute de soutien de la part des présidents des autres groupes politiques, à l’exception de la GUE, cette proposition de résolution, pourtant votée en commission DEVE à l’unanimité n’a finalement pas été mise à l’ordre du jour de la session ouverte le 14.09.2009.

Eva Joly est revenue sur cette occasion manquée lors du débat consacré à cette question dès l’ouverture de cette session de septembre 2009.

Séance plénière – Strasbourg – le 14.09.2009

Monsieur le Président, Mesdames, Monsieur le Commissaire, mes chers collègues, si j’ai le plaisir de vous poser aujourd’hui cette question orale au nom de la commission du développement, je n’ai malheureusement pas celui de vous présenter la résolution sur le même sujet, votée à l’unanimité par cette commission.

Mes collègues de la commission du développement et moi-même avons travaillé d’arrache-pied pour qu’elle soit votée et discutée en plénière avant le Sommet du G20 à Pittsburgh.

Or, hormis mon groupe, les Verts/ALE, et la GUE, aucun autre groupe politique n’a soutenu notre demande de mise à l’ordre du jour de cette résolution, pourtant indispensable si l’on veut que le Parlement européen joue un rôle croissant dans la définition de la politique extérieure de l’Union européenne et devienne une véritable force de proposition.

Chers collègues, quel intérêt aurons-nous à voter cette résolution qui formulait des demandes et les propositions du Parlement européen aux membres du G20, et plus particulièrement à ceux de nos États membres qui y siègent, ainsi qu’à la Commission européenne, à la plénière d’octobre, soit après le Sommet de Pittsburgh?

Outre que cela dévalorise le travail accompli, nous ne pouvons pas non plus nous contenter de ce rôle de commentateur de l’actualité. Là n’est pas notre fonction. Laissons cela à ceux dont c’est le métier et qui le font avec professionnalisme: les journalistes.

Les pays en développement ont plus que jamais besoin de nous. Si nos concitoyens ne sont pas épargnés, la crise économique et financière mondiale a touché bien plus durablement les populations des pays en développement. Les institutions financières n’ont pourtant pas fait de ces derniers les principaux bénéficiaires des prêts accordés en urgence, très peu d’entre eux satisfaisant aux conditions requises.

Les pays africains n’ont ainsi bénéficié que de 1,6 % des prêts accordés par le FMI depuis la dernière réunion du G20 à Londres et l’augmentation des ressources du Fonds monétaire. Le reste est allé aux pays développés, notamment européens.

Certes, le maintien du système économique européen était indispensable, mais il ne doit pas nous faire oublier la misère qui fait rage à nos frontières. Une misère amplifiée par une crise dont nous portons la lourde responsabilité.

L’aide publique au développement doit être augmentée d’urgence. Déjà, la plupart des États membres ne remplissent pas les conditions demandées par l’OCDE depuis 1970, et nous sommes devant de nouvelles urgences et nous n’avons pas de nouveaux fonds. Donc, nous devons trouver de nouvelles sources de financement, notamment en réformant le système actuel.

La commission du développement vous demande d’agir afin d’éradiquer les abus des paradis fiscaux, l’évasion fiscale et les flux illicites des capitaux en provenance des pays en développement.

Selon un rapport norvégien du mois de juin, avec des chiffres vérifiés, les flux illicites qui quittent les pays en voie de développement sont dix fois plus importants que notre aide au développement. Cela donne la mesure de l’enjeu.

Il faut mettre en place un nouvel accord financier contraignant qui forcerait les entreprises transnationales à déclarer les profits qu’elles engrangent et les taxes qu’elles déboursent, pays par pays, afin d’assurer la transparence sur ce qu’elles paient dans chacun des pays où elles sont actives.

En outre, une réforme radicale du système doit être mise en œuvre, notamment avec la mise en place de nouvelles réglementations démocratiques et transparentes pour le commerce et les systèmes financiers internationaux.

Les responsabilités sont lourdes, les enjeux nombreux, la tâche ardue mais, plus que jamais l’Union européenne doit se poser en leader de ces réformes.

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